Agnès Marion est candidate à la Mairie centrale de Lyon. Tête de liste de « Pour l’amour de Lyon », le Lyon Bondy Blog l’a rencontré lors d’une de ces conférences de presse.
La question écologique devient une préoccupation importante pour les citoyens lyonnais. Comment faire pour que Lyon réponde à ces nouvelles exigences ?
Comment fait-on pour vivre dans des ensembles de plus en plus grands sans abîmer le cadre de vie ? C’est une vraie question. Je me pose une autre question en préalable à cette réflexion : on est en train de créer des ensembles de plus en plus denses où se concentrent les pouvoirs politiques et économiques, et donc tout le dynamisme. À partir du moment où l’on fait cette concentration, il est difficile d’échapper à la bétonisation et aux problèmes de mobilité notamment. Je crois qu’il y a une vraie réflexion que nous devons mener en toute cohérence sur la pertinence de nos modèles de développement, et notamment sur ce qui est mis en place par les concurrents politiques – je pense à Gérard Collomb et David Kimelfeld pour la métropole. Ils ont créé un énorme pôle d’attraction dans/pour la métropole lyonnaise au détriment de tous les territoires alentours qui eux, se retrouvent déserts.
Je pense qu’il y a un déséquilibre auquel il faut réfléchir. Je crois qu’il y a des mesures simples à prendre en écologie. Je pense au localisme, c’est-à-dire au fait de produire, de consommer et de recycler sur place. Il y a une très grande incohérence à aller chercher les produits que l’on consomme très loin alors que nous sommes un département, une région de grande production agroalimentaire. Je veux que l’on pratique le localisme, je veux faciliter les producteurs locaux dans la commande publique, mais aussi dans la consommation locale avec, par exemple, des marchés de producteurs dans chaque arrondissement, plusieurs fois par semaine. Ou encore des points de livraison, qui permettraient au consommateur lyonnais d’être mis en relation directe avec le producteur du département ou de la métropole. Il y a beaucoup de producteurs qui demandent de l’ouverture sur le marché lyonnais, pour que nos enfants mangent des produits lyonnais.
Je pense que le localisme répond à plusieurs problématiques. Je note que l’écologie est souvent punitive, et ça me pose un vrai problème. Je ne crois pas qu’on puisse extirper ça au forceps, dans le sens où cela a un vrai impact sur la vie des gens. Il faut que l’air devienne respirable, mais pas que la vie devienne invivable. Surtout pour ceux qui ont moins les moyens, parce que la transition écologique coûte cher. Je crois qu’il faut associer les Lyonnais à cette transition écologique, en faire des acteurs et non pas leur imposer des choses. Il faut les associer aux prises de décisions, et toujours leur proposer des solutions, faciles à mettre en place.
Je crois beaucoup à l’écologie du bon sens et de la sobriété, je crois qu’il faut renouer avec l’écologie circulaire qui était chère à nos grand-mères, écologistes sans le savoir. Elles avaient du bon sens : on recycle, on se prête des choses et on troque les affaires. On ne peut pas demander aux gens d’être plus écologiques et de ne plus consommer. Il faut être de bon sens pour que cela reste vivable, et pour que les Lyonnais se sentent associés et le soient vraiment, dans les décisions qui permettront de faire de Lyon une ville écologique sur le très long terme.
La ville de Lyon cherche à se piétonniser le plus possible, avec par exemple une journée prototype sans voitures sur la Presqu’île. Comptez-vous développer ceci si vous êtes élue ?
Je n’ai rien de manière doctrinaire contre la piétonnisation, si elle ne tue pas les commerces. Je suis d’accord si elle ne crée pas d’insécurité. On sait qu’il y a des villes qui ont mis en place une piétonnisation et sont revenues sur cette décision car elles se sont rendu compte que les rues piétonnes avaient un impact sur le dynamisme des commerces, et aussi sur la sécurité. Il y a beaucoup plus de crimes et de délits dans ces rues que dans des rues où des voitures passent. Je serais pour une piétonnisation alternée, c’est à dire sur certains horaires, avec une cadence pertinente et au plus près des besoins des habitants qui doivent vivre et des commerçants qui doivent continuer à travailler. Ce sont eux aussi qui font vivre la ville, produisent des richesses et qui font que notre ville a un rayonnement. C’est en prenant en compte tout ça que l’on pourra sortir d’une écologie punitive qui crée beaucoup de réticences alors qu’elle est nécessaire.
Cette année à Lyon, les prix du logement ont explosé : plus 10% en 2019, le mètre carré revient à 4320€. Comment continuer à loger les Lyonnais sans les mettre en difficulté financière ? Doivent-ils s’excentrer ?
Les Lyonnais sont tentés de s’excentrer, on le voit bien, d’autant plus que la qualité de vie a tendance à baisser. Les gens ont effectivement tendance à s’excentrer pour retrouver du confort, des espaces verts qu’ils n’ont plus en ville, la sécurité… Je note que les grandes surfaces lyonnaises ont tendance à être vendues à la découpe actuellement, ce qui ne permet plus du tout à des familles de se loger. Les familles, ce sont celles qui portent aussi la consommation, le commerce de proximité. Il va falloir trouver des solutions pour inciter les gens à rester en ville. La première des choses à mettre en place, c’est un renouement avec une vraie qualité de vie en ville. Lorsqu’on ne l’a plus, on part à l’extérieur. C’est ce qui s’est passé notamment dans le 2ème arrondissement. À la rentrée de septembre, une classe a fermé à l’école des Jacobins. Pendant l’été, les familles ont tellement été dépitées de leurs conditions de vie, liées notamment aux nuisances nocturnes, qu’elles sont allées ailleurs. Si on en arrive à une ville morte où il n’y a plus de familles, plus de commerces, il faut redonner un cadre de vie apaisant et apaisé pour que les gens reviennent s’installer.
Comment lutter contre la précarité étudiante à Lyon?
La précarité ne touche pas que les étudiants, il y a un grand public précaire à Lyon. Les logements sont chers, et plein de gens n’arrivent pas à se loger dignement. On côtoie le plus grand luxe et la plus grande pauvreté. Je crois que c’est aussi une histoire de volonté politique. L’Hôtel-Dieu est assez symptomatique. Cet hôpital qui était un hôpital de charité est devenu un lieu de la consommation et du luxe, qui dit bien qui sont ceux qu’on a envie de privilégier dans cette ville-là. Il faut faire des propositions fortes en termes de précarité. Il y en a à destination des étudiants dans mon programme, je compte utiliser un certain nombre de leviers qui sont donnés aux mairies via le logement.