Interiew avec Fabrice Matteucci

Le 6 juin 2025, Olivier Faure est élu chef de file du PS par les militants avec une courte avance. L’un de ses soutiens dans le Rhône est Fabrice Matteucci, premier secrétaire fédéral du Rhône. Il a été élu pour ce rôle la première fois le 14 décembre 2023 avec 69,27 % des voix face à Quentin Picard et Raphaël Comby puis a été réélu le jeudi 19 juin 2025 avec 57,17 % des voix face à Murielle Laurent. Nous avons pu l’interviewer le lendemain de cette victoire, dans les locaux du PS. 

Retour sur l’interview :

Lyon Bondy Blog : Merci de nous recevoir ici, quelques jours après le congrès de Nancy qui vient de confirmer la réélection d’Olivier Faure à la tête du PS. C’était un congrès tendu, marqué par un vote très serré et des divisions sur la ligne stratégique du parti. Vous êtes premier secrétaire fédéral du Parti socialiste du Rhône depuis décembre 2023 et aujourd’hui nous allons revenir ensemble sur la situation du PS face aux enjeux nationaux, mais aussi sur les perspectives locales, notamment à l’approche des élections municipales de 2026.

Pour commencer, sachant qu’Olivier Faure a été réélu avec 51,15 % des voix, est-ce que, selon vous, cela traduit une urgence à clarifier la ligne du PS ?

Fabrice Matteucci : Le fait qu’Olivier Faure obtienne ce résultat de 51 % clarifie déjà pas mal de choses. Il a été élu à la majorité, et, aussi bien avant que pendant le congrès, il a affiché clairement la ligne du parti, notamment sur la question de la participation à une plateforme commune avec l’ensemble des partis de gauche, en vue des élections présidentielles. Il me semble que la ligne était assez nette.

Après, comme vous le disiez, les congrès, ce sont toujours des moments un peu tendus. Mais il en ressort malgré tout une majorité significative, surtout avec la rencontre entre les représentants du TOA, Olivier Faure et la ligne portée par Boris Vallaud, ce qui représente plus de 60 %. Donc on peut dire qu’il y a quand même une orientation claire, tournée vers la discussion avec l’ensemble de nos partenaires politiques, que ce soit à gauche ou dans l’écologie, en vue des prochaines échéances.

L.B.B : L’un des principaux points de désaccord, a surtout été la relation avec la France insoumise. Comment jugez-vous la stratégie d’Olivier Faure vis-à-vis de LFI ?

F.M : Je trouve que la stratégie qui est employée par notre parti depuis quelque temps, est une stratégie qui paye. Je ne veux pas aller contre. J’ai été candidat aux législatives dans le Nouveau Front Populaire, donc au sein d’une alliance des gauches, et bien sur il y avait des gens de la France insoumise.

Je pense que là-dessus, Olivier est clair. De toute façon, les Insoumis, que ce soit parfois localement ou même au niveau national, vont partir tout seuls. C’est eux-mêmes, qui vont décider de ne pas s’allier avec la gauche et les écologistes. Je trouve que c’est plutôt une stratégie d’ouverture, mais elle soulève une autre question : c’est qu’à chaque fois, on remet sur la table notre relation avec la France insoumise, alors qu’en réalité, il serait plus intéressant de parler de nous, de ce qu’on veut réaliser, et de faire de notre projet le point de départ, et pas une simple variable dans l’équation. Qu’est-ce que vous voulez faire, vous, en tant que parti socialiste ? Et dans les cadres, des municipales déjà et puis les présidentielles.

Pour moi, la ligne d’Olivier Faure, c’est une ligne que je soutiens, que j’ai toujours affirmée. Il faut qu’on discute tous ensemble, et il faut aussi savoir faire la différence entre le leader de la France insoumise et ses militants, qui ne sont pas tous forcément alignés derrière leur chef.

L.B.B  : Nous voulions justement savoir : Quand Michel Barnier a été censuré, cela a-t-il été un séisme au niveau de la politique nationale ?  Est-ce que ça vous a fait réfléchir sur la tactique à adopter ? 

Par exemple, lorsque François Bayrou vous a sollicité pour son vote, est-ce que vous vous êtes dit : « Bon, j’ai fait la bêtise une fois, je ne vais pas la refaire deux fois » ?

F. M : Je pense surtout que ce qui s’est passé avec Barnier a montré que, au niveau de l’Assemblée nationale, c’était bel et bien le NFP qui était majoritaire. Après, la proposition qui a été faite par Bayrou, et par rapport à sa censure, ça a plus été concernant, le moment. Était-ce un moment où il fallait censurer ? Nous, on a opté pour une position. Néanmoins, nous n’avions jamais dit que l’on ne censurerait pas François Bayrou. Désormais, et ça a été réaffirmé notamment lors du Congrès, on attend le résultat du conclave. 

L.B.B : Qu’est-ce qui rend ce fameux conclave sur les retraites aussi compliqué ?

F. M : Ce qui est compliqué, c’est que, au final, la décision reviendra à l’Assemblée nationale. Selon ce qui en sortira, il faut savoir que nous avons déjà dit que, si ça ne correspondais pas à notre façon d’aborder la question des retraites, nous déposerions une motion de censure contre le gouvernement.

L.B.B : Est-ce qu’un vote des militants est prévu avant, pour trancher sur le oui ou le non ?


F. M :
Il y aura des discussions. Après, est-ce que ce sera sous forme de vote ? Je ne peux pas le dire pour l’instant. En tous les cas, c’est un débat qui est important pour nous. On a des positions là-dessus. Donc oui, il y aura des discussions.


L.B.B : Un autre point de clivage, c’est parfois la stratégie nationale envisagée pour la présidentielle de 2027. Olivier Faure, lui, propose une primaire ouverte, qui irait de Glucksmann à Ruffin. Selon vous, est-ce la bonne méthode pour cette élection ?

F. M : Oui. Après, sur la question des primaires, nous avons fait une proposition. Je sais que d’autres partis ont aussi leurs propres idées. L’objectif, c’est quand même d’aboutir à la construction d’une plateforme commune, et de discuter ensuite des modalités pour désigner celle ou celui qui nous représentera, une fois qu’on sera tous d’accord, pour la présidentielle. Je pense que c’est une bonne méthode.

C’est vrai que la primaire, on l’a expérimentée sous différentes formes, et ça soulève toujours des questions. Mais je trouve que c’est intéressant de réfléchir collectivement et de se demander quelles personnalités pourraient incarner ce projet.

En ce qui me concerne, le spectre proposé me convient. En tout cas, je n’irai pas jusqu’à Cazeneuve : on reste à gauche. Et puis, quand on parle d’un éventail qui va de Ruffin à Glucksmann, on reste uniquement sur des hommes, et c’est bien ça le problème.

Aujourd’hui, on prend aussi en compte la présence de Clémentine Autain. Du coup, on peut dire que l’éventail va de Clémentine Autain jusqu’à Glucksmann, on peut aussi présenter les choses comme ça.

L.B.B. : Justement, lors des primaires de 2016, l’affrontement entre Benoît Hamon et Manuel Valls avait profondément divisé la gauche sur ces questions. Ce souvenir reste-t-il présent dans les esprits ? 

Plus récemment, en 2020, Les Républicains ont connu une “guerre ouverte”, et, chez les écologistes, en 2022, la compétition entre Sandrine Rousseau et Yannick Jadot a laissé des traces. Finalement, le modèle des primaires est-il vraiment le bon modèle pour désigner un candidat ?

F. M. : La primaire peut être un bon modèle. La vraie question, c’est : quelle primaire ? S’agit-il d’une primaire réservée à l’ensemble des militants, ou bien à des délégués ? À la fin, est-ce un système majoritaire ? Tout dépend en réalité du modèle de primaire. 

Après, être dans un système assez ouvert, pour participer à la désignation d’un candidat, ça me paraît aussi refléter de nouvelles façons de voir l’engagement politique et la manière dont on le perçoit. Bien sûr, ça peut créer des difficultés, mais je pense que c’est aussi une autre manière de penser les choses.

L.B.B. : Dans ce contexte, comment peut-on parvenir à concilier des sensibilités différentes à l’approche d’une échéance électorale ?

F.M :  Au sein des partis, c’est vrai, il existe des courants différents. À un moment donné, il faut se demander quel est l’objectif qu’on veut atteindre. Oui, on a des divergences, des façons diverses de voir les choses. Mais la vraie question, c’est : est-ce qu’on a envie que le pays soit gouverné par l’extrême droite ? Il ne faut pas oublier que notre objectif, c’est d’empêcher l’extrême droite et la droite d’arriver au pouvoir, et de pouvoir nous-mêmes y accéder pour mettre en place des politiques qui changent la vie des gens. C’est ça, notre but. Notre objectif, ce n’est pas que chacun se regarde le nombril ou qu’on se fasse la guerre entre nous. Après, c’est à nous de réussir à trouver un terrain d’entente. C’est la même chose avec nos partenaires : on peut avoir des visions différentes sur la manière de mettre en œuvre les politiques, mais au moins, on arrive à se poser la question de savoir quel est l’objectif commun qu’on partage, et qu’est-ce qui nous réunit. Et je pense que c’est ça qui est essentiel.

L.B.B : Et, plus localement, est-ce que les désaccords dont on a parlé, qui traversent le PS, se retrouvent aussi ici, dans le Rhône ?

F.M : Alors oui, il y a différents courants, comme on le disait tout à l’heure, et ils existent aussi dans le Rhône. On a des responsables politiques qui sont proches d’Olivier Faure, comme Simon Stevendel, et d’autres qui portent leur propre courant national, comme Hélène Geoffroy avec Nicolas Mayer-Rossignol. Après, ce sont des courants internes au parti, des façons parfois différentes de voir la relation avec nos partenaires, selon les situations. Mais en même temps, au niveau fédéral, on se parle, on ne se fait pas la guerre : on est en désaccord, certes, mais il n’y a pas de conflit ouvert sur les réseaux sociaux au niveau de la fédération, sauf concernant quelques individualités. Il n’y a pas de guerre particulière comme on peut parfois en voir sur les réseaux, où certains camarades feraient mieux de poser leurs questions en interne et d’avancer, plutôt que de s’interpeller publiquement.

L.B.B : Avec les autres partenaires de gauche, en ce moment, on en est plutôt à boire le café ou à faire l’apéro ? C’est un peu cette image-là ?

F.M : Ça dépend à quel moment on aime discuter. Il y en a qui préfèrent le café, d’autres l’apéro. Franchement, je pense qu’on fait les deux : le café et l’apéro. Et peut-être qu’un jour, on ira jusqu’au gueuleton !

L.B.B : On n’en est pas encore au rendez-vous galant, alors ?

F.M : En fait, on discute tous les uns avec les autres. Je pense que chacun a été pris à un moment particulier. Nous, on a été pas mal occupés par notre congrès, qui sert aussi à définir une ligne politique. La nôtre est claire, à la fois sur le parti et sur nos relations avec les partenaires. Je crois que tout le monde était aussi dans une période d’attente, en observant ce qui se passait chez les uns et chez les autres, parce qu’on sait que ça a un impact sur les relations actuelles, et sur celles à venir.

L.B.B : Comment analysez-vous l’évolution de l’électorat de gauche ici, sur le territoire ? Quelles sont, selon vous, ses principales préoccupations aujourd’hui ?

F. M : Ce que je trouve intéressant sur le territoire, c’est que, comme l’ont montré les dernières élections, il existe un électorat de gauche bien présent, et qui se renouvelle. De nouvelles générations arrivent, avec des motivations différentes de celles des générations précédentes. Par exemple, sur les enjeux liés à l’environnement, la préoccupation est toujours là, mais avec une dimension plus sociale : l’idée, c’est d’intégrer la justice sociale à la question écologique. Et ça, je trouve que c’est un élément vraiment intéressant. Je pense que notre territoire a une dynamique assez solidement ancrée autour des valeurs de gauche et de l’écologie. C’est comme ça que je perçois le public aujourd’hui.

Après, sur les grandes questions qu’on se pose, c’est : comment articuler cette obligation qui est la nôtre, de se dire que, dans 30 ans, on a une échéance, qu’est-ce qui se passera en 2050, ou même dès 2030 ? On fait face à un enjeu majeur autour des évolutions climatiques et de l’environnement. Ça soulève d’autres questions sur la reconfiguration des villes et sur l’évolution des relations sociales. Il y a des enjeux auxquels on travaille, et d’autres qui arrivent, comme celui de l’immigration climatique.

La question, c’est aussi : comment agir pour éviter que les inégalités ne se creusent davantage, comment tenir compte du fait qu’elles évoluent, et faire en sorte que nos concitoyens ne vivent pas dans un sentiment permanent d’injustice.

Les enjeux, selon moi, sont là : comment avancer tous ensemble face à ce grand défi qu’est la transformation environnementale, qui est déjà bien engagée. On voit bien, à travers les rapports d’experts, qu’on n’atteindra sans doute pas l’objectif d’un réchauffement limité à un degré et demi. Et si on ne fait rien, les conséquences seront lourdes. C’est un véritable enjeu de société, qui impacte la santé, les mobilités, le logement… Et aussi, à mon sens, la transformation même de la ville : qu’elle devienne plus verdoyante, qu’on développe les mobilités douces. Cela pose aussi des questions pratiques, comme celles liées aux travaux nécessaires. Mais, en même temps, cela permettrait de rendre la ville moins étouffante, par rapport à ce qu’ont connu les plus anciens, il y a trente ans.

L.B.B : Et justement, en termes de poids, le PS, ça représente quoi dans le Rhône ? Vous avez combien de militants aujourd’hui ?

F.M : Dans le Rhône, on compte environ un millier de militants. Après, chacun s’implique à sa manière, selon la façon dont il a envie de militer. Ces militants sont répartis aussi bien sur la métropole que dans le Nouveau Rhône, même si, pour l’instant, la majorité se trouve quand même sur la métropole, il faut le dire. Pour nous, l’un des travaux importants à mener au niveau de la fédération, c’est de renforcer notre présence dans le Nouveau Rhône. Quand on parle du Nouveau Rhône, on parle de la zone qui va de Villefranche-sur-Saône à Tarare. Là, il y a vraiment besoin de mener une action plus forte.

L.B.B : Vous étiez bien à L’Arbresle ?

F.M : Oui, on a été à L’Arbresle, et aussi à Thizy. Et puis, lors des élections législatives, on a vu que la gauche, alliée à l’écologie, réalisait quand même des scores intéressants. Mais ce sont des territoires où il est absolument nécessaire qu’on soit présents, pour pouvoir lutter contre la progression de l’extrême droite.

L.B.B : L’objectif du PS, en ce moment, ce n’est pas forcément Lyon ou la métropole du Rhône, c’est plutôt centré sur le Nouveau Rhône, non ?

F.M : En fait, c’est les deux. Mais il faut vraiment qu’on fasse attention à ne pas se concentrer uniquement sur la métropole. Sinon, on se retrouverait avec une métropole plutôt rose et verte, on va dire ça comme ça, et un Nouveau Rhône qui serait noir… ou bleu marine….

Donc non, il n’y a pas de raison qu’on se batte pour des avancées sociales, environnementales ou sociétales dans la métropole, et qu’on ne fasse pas ce travail dans le Nouveau Rhône. Ce serait créer une fracture entre deux territoires. Les enjeux sont importants dans les deux zones. Ils sont différents, certes, mais ils restent essentiels des deux côtés. Et puis, il y a aussi des problématiques communes. Les deux territoires s’interpénèrent.

L.B.B : Comment se sont passés les débats au sein de la majorité socialiste ? Est-ce qu’il y a eu des tensions ? Des querelles ? Ou est-ce que ça commence à s’apaiser ?

F. M : Au sein de la majorité, il n’y a pas eu de querelles. Même dans les discussions menées avec le TOB et avec Boris Vallaud, l’idée, c’était vraiment d’aborder les enjeux de façon constructive et d’avoir des échanges sereins.

L.B.B : Et avec Mayer-Rossignol, ça va ?

F.M : Oui, il est dans la minorité.

L.B.B : Une minorité qui a fait quand même 49%…

F.M : Oui. Après, il défend une ligne, une position. Il aurait pu y avoir, à la fin du congrès, la possibilité d’un élargissement ou d’une ouverture plus large. Olivier Faure avait proposé la possibilité de participer à la direction nationale, mais dans le cadre de la ligne définie par le texte d’orientation dont il était le premier signataire.

L.B.B : Et le premier secrétaire fédéral du Rhône, il occupe quelle place au sein du PS, au niveau national ? Est-ce que vous faites partie du bureau ?

F.M : Pour l’instant, le bureau national n’a pas encore été désigné. En revanche, le premier secrétaire fédéral est membre du Conseil national. Il fait partie du collège des secrétaires fédéraux, donc il siège au Conseil national. Ensuite, il y a des discussions pour intégrer aussi la direction nationale.

Précédemment, on avait par exemple Cédric Van Styvendael comme secrétaire national, ainsi qu’Hélène Lecivi-Guillaume. Là, on est dans une phase de construction, à la fois du bureau national — qui est un peu la déclinaison du Conseil national mais qui se réunit plus régulièrement dans la vie politique du parti — et aussi de la direction nationale, qui travaille au quotidien. Pour tout ça, les choses sont encore en train de se mettre en place.

L.B.B : Il y a combien de conseils fédéraux en France, au niveau du PS ?

F.M : Le nombre de fédérations ? De mémoire, je crois qu’il y en a 102. Peut-être une ou deux de plus ou de moins, mais c’est à peu près ça : une centaine de fédérations, y compris avec les fédérations des Français de l’étranger.

L.B.B :  Donc il y a 40 000 militants au niveau de la France, environ. 

F.M : Oui, voilà. Après, on a nos militants… Comme partout, il y a ceux qui peuvent s’investir, et d’autres qui ne peuvent pas forcément, ou qui n’ont pas la possibilité de recruter autour d’eux.

L.B.B :Et justement, comment comptez-vous recruter de nouveaux militants ? Quelle va être la nouvelle stratégie ou la nouvelle tendance ?

F.M : Je ne sais pas si c’est vraiment une nouvelle tendance. Mais ce que j’ai trouvé très intéressant, c’est qu’avec les élections européennes et la dynamique autour du Nouveau Front populaire, on a vu arriver plein de nouveaux adhérents. Ce qui est important, c’est de comprendre pourquoi ils viennent.

Donc, au niveau fédéral, on a mis en place des temps de rencontre avec eux, et aussi la possibilité de s’impliquer tout de suite dans la vie fédérale. Ça permet de mieux comprendre les motivations de chacun.

L.B.B :Donc, c’est le premier secrétaire fédéral qui les accueille, ou ce sont d’autres personnes qui s’en chargent ?

F.M :  En fait, ça se fait d’abord au niveau des sections, parce que les nouveaux adhérents sont rattachés à une section locale. Ensuite, nous organisons des temps spécifiques où on invite tous les nouveaux adhérents. Il y a ceux qui viennent à ces rencontres, et puis, sinon, de mon côté, j’ai entrepris — et je vais continuer — d’aller directement dans les sections. Je vais à la rencontre des militants dans tout le département.

Ça permet de créer du lien entre la section, qui est un échelon local, et le siège de la fédération, qui se trouve plutôt au centre-ville. Tous les militants ne se déplacent pas forcément à la fédération, et pour moi, c’était important de changer cette logique. L’idée, ce n’est pas seulement que “vous veniez de la section vers le siège”, mais aussi que “c’est nous qui allons vers vous”.

Et dans certaines sections où je me suis déplacé, pour plusieurs militants, c’était la première fois qu’un premier secrétaire fédéral venait les rencontrer. Je pense que c’est aussi ça, la nouvelle manière de faire.

L.B.B : Est-ce que ça change la manière dont vous échangez avec les nouveaux militants ?

F. M : Oui, parce que ça crée plus de proximité. Ça veut dire qu’on est dans le face-à-face, et que les nouveaux militants n’ont pas besoin d’attendre pour avoir mon numéro de téléphone. Ils peuvent avoir mes coordonnées tout de suite, m’appeler, et je peux les rencontrer.

Quand on va dans les sections, on rencontre aussi ces nouveaux militants. Ça permet d’échanger avec eux, de comprendre ce qui les motive, et de savoir quels sont, selon eux, les sujets importants à porter dans le parti. Et ça nous fait avancer.

L.B.B : Donc, quelque part, vous faites un peu un inventaire ?

F.M : Non, ce n’est pas un inventaire. C’est une manière plus participative de faire de la politique. Ce n’est pas un état des lieux ou un diagnostic. L’idée, c’est vraiment de faire participer tout le monde.

L.B.B : Si vous deviez résumer un peu le cap que le PS doit suivre dans les mois et les années à venir, qu’est-ce que vous me diriez ?

F.M : Il ne faut pas oublier d’où on vient. On a traversé une période un peu compliquée, mais le PS a retrouvé sa place. Cela dit, ce n’est pas parce qu’il reprend une place qu’il la conserve durablement.

Nous, on souhaite que cette place soit vraiment au cœur de la gauche. Mais c’est à nous d’y parvenir. On ne peut pas demander aux autres de nous attendre, c’est à nous de démontrer qu’on a un rôle important à jouer.

En parallèle, on mène tout un travail sur le projet en vue des prochaines échéances présidentielles, parce qu’on sait bien que ce sont ces rendez-vous qui structurent souvent nos réflexions, même si ce n’est pas le seul sujet.

Et puis, on a aussi des chantiers à mener dans le quotidien. Par exemple, Boris Vallaud a remis dans le débat la notion de démarchandisation, notamment des services publics. Je pense que notre parti a là un véritable chantier à porter.

L.B.B : Merci beaucoup pour le temps que vous nous avez accordé.

Interview réalisé par Alice Morin et Etienne Aazzab et retranscrite par Ines Belghit et Jade Dupond 

La rédaction

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