Naïma raconte l’histoire extraordinaire de sa voisine qui se dit prête à remplacer Laure Manaudou
Moi, je serais toujours étonnée d’entendre des enfants traiter leurs parents comme des malpropres, pas vous? En général, les imbécilités émanent souvent de ces adolescents, âgés de 14 à 25 ans, un peu trop mal élevés à mon goût. Parfois, je me dis : « Bah ! Ça va passer, c’est juste une étape, un peu longue, j’avoue, mais une étape. » Taratata ! Très vite, la réalité cruelle m’agrippe les oreilles. Les « Ferme ta bouche« , « De toute façon, j’sais mieux que toi » ou « C’est quoi cette famille de M**** » lancés aux parents ne cesseront jamais de me dresser les cheveux ! Alors oyez, oyez, jeunes gens, sachez qu’il y aura toujours une raison d’être fiers de nos géniteurs !
17 heures, sur le palier, ma voisine d’immeuble me tombe dans les bras, le sourire aux lèvres et le regard malicieux. Cette hzouja, (veille dame) de 65 ans, me lance enthousiaste : « Alors, tu m’as vue ? Hein, tu as vu, je sais nager. Et j’ai 65 ans ! Qu’est-ce-que je suis contente ! »
Le « tu as vu », c’était il y a deux semaines, un vendredi matin, à la piscine municipale. Dans le cadre de mon boulot, j’avais rendez-vous avec le maître-nageur, un bel étalon, de 49 ans (à première vue, j’aurais parié qu’il en faisait quinze de moins. Si, si je le jure). L’homme, sculpté de la tête aux pieds, m’expliquait alors les bienfaits de l’aquagym sur le corps tandis qu’une trentaine de quinquagénaires s’agitaient de façon synchronisé dans le petit bassin. Ayant réussi à détacher mes yeux du beau Ken, le maître-nageur, je m’amusais à compter les va-et-vient d’une dame qui nageait la brasse un peu plus loin. Quelle fut ma surprise à sa sortie de l’eau, quand je reconnue ma voisine, une mama de 65 ans. Je me souviens l’entendre m’appeler : « Naïma, Naïma, regarde je vais plonger. » A cet instant, les choses se sont passées très vite, à vrai dire, je n’ai même pas eu le temps d’enlever mes chaussures au cas où il faudrait plonger la récupérer. Déjà, la voilà prête sur le rebord du grand bain. Et Splash ! La nageuse exécuta un magnifique plat. J’applaudis des deux mains ! C’était quand même très courageux de sa part et mon brushing était sauf. A mes côtés, le maître-nageur confia : « J’adore cette femme. Il y a trois mois, elle ne savait pas du tout nager. Elle était tellement fière d’avoir appris à nager qu’elle a offert à manger et à boire à toute la piscine ».
Fière, je l’étais aussi un petit peu pour cette mama qui vit dans mon immeuble. Alors, jeunes enfants ne l’oubliez pas, on a tous des raisons d’être fiers de ses parents !
Naïma Daïra