Handiagora : Anti-social, tu cherches un emploi

Ce mercredi 10 mai s’est déroulée la troisième rencontre du forum Handiagora sur le travail et le handicap. Une journée qui donne des chances aux oubliés d’un système à fort taux de chômage. Échanges, avis, et partages, ce forum s’invite au cœur des relations sociales qui construit l’économie française.

Normalement, l’ensemble des entreprises françaises doit avoir un effectif minimum de 6 % de personnes ayant un handicap. Seulement la réalité démontre que cette loi n’est pas appliquée sur la totalité du territoire français car il y a 19 % de chômeurs handicapés. Les créateurs de cet événement tentent de remédier à cela en jouant sur le lien social et en essayant de « casser les stéréotypes » autour du handicap. « Ce forum est une preuve que l’entreprise s’intéresse au monde du handicap » explique Jean-Marc Maillet-Contoz, le coorganisateur et fondateur de Handirect.

L’union fait l’emploi

Une foule de personnes sont présentes, à la quête d’informations sur une possibilité d’emploi ou de formation. Les soixante stands installés accueillent des grandes entreprises françaises, comme le Crédit Agricole ou Casino, mais également des centres de formations tels que le Service d’Emploi Accompagné de la métropole de Lyon. A la tête du projet, Claudette Golfier, qui a réanimé le projet pour cette troisième édition avec l’aide de l’association Handi-sup Auvergne et le magazine Handirect. Cette nouvelle association a permis le changement pour un programme mieux réparti, avec des conférences le matin et les rencontres avec les structures l’après-midi, et l’augmentation du nombre de visiteurs. « Quatre cents personnes étaient inscrites la veille et aujourd’hui, on en attend plus de 800, voire 1000 » confie Claudette. Leurs nombreux partenaires présents, tels que l’Établissement Français du Sang, le centre de recherche Lafarge ou encore Valeo, ne sont pas les seuls à parrainer cet événement, les villes de Lyon et Villeurbanne ont également donné leur soutien, ainsi que les services publics et de l’emploi. Des étudiantes de l’université Lyon 2 sont venues en tant que ‘helpers’ pour régenter le forum. « On a tous fait jouer nos réseaux » confie Jean-Marc Maillet-Contoz.

Photo : « Organisateurs et Sandrine Chaix » (crédit : Jean-Marc Maillet-Contoz)

La nouvelle édition fait dans l’innovation

La nouveauté, qui fait la fierté des organisateurs, c’est le « mur des offres d’emploi » avec plus de 300 offres des entreprises présentes sur le forum. Un outil qui permet aux demandeurs d’emploi de sélectionner, selon leur domaine, certaines offres avant d’aller rencontrer l’entreprise. Une organisation minutieuse qui s’étend à des activités de réflexologie, un espace artistique géré par des personnes à handicap mental, des ateliers « estime de soi » ou de « prise de parole ». Jean-Marc Maillet-Contoz, fondateur de Handirect, pense que les gens ont du mal à parler lors des entretiens et il faut donc « savoir se vendre », d’où l’intérêt de ces ateliers. Des stands qui attirent autant de jeunes, dès la cinquième, pour la découverte que des plus vieux pour la reconversion. Le projet, né en août 2016, est une « réussite » pour sa fondatrice, avec « beaucoup de mobilisations » de la part du public comme des organisateurs qui travaillent sur ce salon du recrutement original depuis le mois de janvier. Les animateurs ont tenté de définir un programme « sans temps mort » pour « maintenir l’attention à tout moment ».

Photo : « Vue d’ensemble » ( crédit : Jean-Marc Maillet-Contoz)

Plus du renseignement que du recrutement

Pour parler d’une possible embauche ou pour découvrir un nouveau métier, les structures présentes étaient ouvertes à toutes les questions que pouvaient se poser les personnes assistants au forum. Sur les centaines de personnes vues au cours de la journée, les entreprises ont sélectionné seulement quelques dossiers concluant pour eux. La représentante de la compagnie Altran Technologies, société d’ingénierie, elle n’a eu que cinq ou six candidatures correspondant aux « exigences » de l’entreprise. La plupart sont venus la consulter pour des « informations sur le fonctionnement de l’entreprise et la recherche d’emploi ». L’Établissement Français du Sang, présent depuis la première édition, étaient là aussi pour pouvoir se construire une ‘CVthèque’ et dans le cadre de leur mission handicap au sein de leur organisation. Pour eux aussi, le renseignement était la première demande des personnes accaparant leur stand. Un sentiment qui peut être confirmé par la forte participation aux conférences par les entreprises, mis en place l’après-midi, sur les contrats de professionnalisation, etc. En observant cela, la question de la bonne formation des français à l’emploi peut être soulevée.

Photo : « Vue d’ensemble » (crédit : Jean-Marc Maillet-Contoz)

Entre espérance et déception

Quelques personnes présentes observent les affiches des entreprises sans vraiment avoir de conviction, alors que d’autres se précipitent directement vers le domaine de leur choix avec un but précis. Valérie, 47 ans, recherche par ce forum une orientation. Le désespoir de ne pas recevoir de réponses positives se ressent chez les personnes s’adressant à ce forum pour retrouver une perspective d’emploi perdue. Jalal, 29 ans, vient pour avoir des contacts et faire valoir sa formation qui ne lui donne aucun débouché. « J’ai besoin d’avoir un contrat pour obtenir un appartement » admet ce dernier, désireux de travailler mais laissé pour compte à cause d’un handicap non choisi.

Le lien social qu’établit le forum est aussi ce qui a attiré les participants. «  Je recherche aussi le contact humain, j’en ai marre d’être seule face à mon ordinateur » confie Afifa, 42 ans. Un bon moyen de reconnecter la société par ses deux composantes : le social et l’emploi.

Finalement, peu importe le nombre de visiteurs, ce qui motive Claudette Golfier et Jean-Marc Maillet-Contoz, c’était de faire un salon comblant les « nombreuses frustrations du public et des employeurs ». C’était aussi montrer que les personnes atteintes d’un handicap n’ont pas besoin de faire « un choix par défaut » pour leur métier. Une envie qui faire la différence.

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