Expulsions locatives : sans froid ni toit

Depuis le 1er avril, la fin de la trêve hivernale fait planer la menace de l’expulsion sur des milliers de ménages en France. 

Ils étaient une quarantaine ce lundi matin, au 22 rue de Champagneux, à avoir répondu à l’appel du collectif Droit au logement 69. Le soleil n’est pas encore levé que militants et voisins du quartier du Moulin-à-Vent sont déjà postés au pied de l’immeuble où la famille de Z. et de T. a trouvé refuge. Le couple, ainsi que ses quatre enfants, sans solution de relogement, est menacé d’expulsion. Pourtant, “le bailleur [Alliade Habitat, ndlr] possède plus de 4000 logements vides, dont une dizaine dans la résidence” dénonce Dal 69. 

Leur cas est loin d’être isolé. Alors que le 31 mars tous les regards sont tournés vers Marine Le Pen, condamnée pour détournement de fonds publics, la trêve hivernale prend fin. Les expulsions locatives, suspendues ces 5 derniers mois, reprennent et les centres d’accueil ferment. Une situation qui se répète chaque année. L’Insee rapporte une augmentation de l’indice de référence des loyers de 2,47% au 3ème trimestre 2024 par rapport à celui de l’année précédente, puis de 1,82% le trimestre suivant. Et puisque les salaires ne suivent pas, le pouvoir d’achat se mue en une étouffante lutte. Les impayés s’accumulent.

L’Etat doit prendre ses responsabilités

En 2024, les commissaires de justice ont établi 24 000 procès-verbaux d’expulsion. Ces “chiffres inédits” dépassent le record de 19 000 en 2023, alerte la Fondation pour le Logement des Défavorisés. L’ex-Fondation Abbé-Pierre “redoute une forte hausse des expulsions locatives à l’avenir, alors qu’elles ont déjà augmenté de 52% en 10 ans” et “exhorte les pouvoirs publics à renforcer la prévention”.

Il faut rappeler à l’Etat qu’il doit prendre ses responsabilités” déclarait en octobre Sophia Popoff, dans une interview pour le Lyon Bondy Blog. L’adjointe au logement d’urgence de la ville de Lyon insistait : “Il faut qu’il fasse respecter l’Etat de droit sur notre territoire et donc qu’il mette à l’abri toutes les personnes fragiles”. Du côté de Vénissieux, la maire Michèle Picard a encore une fois opté pour des arrêtés interdisant les expulsions sans relogement. Reste à voir ce qu’en dira la préfecture.

Article signé par Cecilia Adrián Tonetti

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