Avec la crise du Covid-19, les outils numériques ont pris une place encore plus importante dans notre vie quotidienne. Faire ses courses, travailler, se cultiver, communiquer … Un nombre important de nos activités quotidiennes ont dû passer par internet. Cependant, nous ne sommes pas tous égaux face à l’outil numérique, qui demande des compétences spécifiques. Une série d’articles à suivre si vous vous sentez concerner.
Selon la définition de l’OCDE de 2001, la fracture numérique se définit comme « l‘écart entre les individus […] en ce qui concerne à la fois leurs opportunités d’accéder aux technologies de l’information et de la communication (TIC), ainsi qu’à leur usage d’internet dans une grande variété d’activités. » De ce fait, elle concerne à la fois l’accès des personnes aux ressources numériques, et les capacités de ceux-ci à les prendre en main.
Avec la démocratisation de l’accès aux matériels numériques, le terme « fracture numérique » n’est plus tout à fait d’actualité. Nous pouvons bien plus facilement nous en procurer que 20 ans auparavant. Ceux ci peuvent concerner les ordinateurs, les smartphones, tablette tactile …
De plus, en France, la quasi-totalité du territoire est relié à internet. La couverture du réseau, par téléphonie et par câble, est supérieure à 99 % dans sa globalité. Il est alors plus juste de parler aujourd’hui de littératie numérique.
La littératie numérique, selon Michael Hoechsmann et Helen DeWaard: « n’est pas une catégorie technique qui décrit un niveau fonctionnel minimal de compétences technologiques, mais plutôt une vaste capacité de participer à une société qui utilise la technologie des communications numériques dans les milieux de travail, au gouvernement, en éducation, dans les domaines culturels, dans les espaces civiques, dans les foyers et dans les loisirs ».
De ce fait, l’illectronisme devient un enjeu de politique publique, tant les compétences numériques deviennent nécessaires dans le quotidien. Si elles ne sont pas acquises, elles induisent une exclusion sociale qui creusent davantage des inégalités déjà présentes. De plus, si le savoir numérique et ces enjeux ne sont pas compris, ils laissent échapper l’idée et des moyens de s’émanciper socialement de ces inégalités.
Illectronisme, ou le manque de compétence numérique
D’après le Larousse, l’illectronisme est l’« état d’une personne qui ne maîtrise pas les compétences nécessaires à l’utilisation et à la création des ressources numériques. »
Aujourd’hui, d’après une étude de l’INSEE parue en 2019, «12 % des individus de 15 ans ou plus résidents en France hors Mayotte ne disposent d’aucun accès à Internet depuis leur domicile, quel que soit le type d’appareil (ordinateur, tablette, téléphone portable) et de connexion ». Concernant le non-usage d’internet au cours de l’année, le chiffre monte à 15,2 %. Cependant, il y a de grosses disparités selon l’âge, le diplôme et le niveau de vie.
Plus généralement, les personnes les plus concernées sont : âgées, peu diplômées, au niveau de vie modeste, vivant seules ou en couple sans enfant. Néanmoins, comme le rapporte l’étude de l’INSEE : « l’âge joue davantage sur les compétences que sur l’équipement, alors que le niveau de vie est plus discriminant pour l’équipement que pour les compétences ». Par exemple, pour les personnes de plus de 75 ans, plus de la moitié n’utilise pas ou n’ont pas accès à internet.
En termes de compétence près de 38 % des utilisateurs d’internet manque d’au moins une compétence en numérique. Celles-ci sont : l’usage de logiciel, la résolution de problème, la recherche de l’information, la communication. Par exemple, sur l’utilisation de logiciel comme le traitement de texte, 35 % des usagers d’internet ne savent pas la mettre en pratique. Cela a des conséquences pratiques directes, comme dans la création d’un CV.
L’inclusion numérique, une récente prise en compte par l’État
En France, la question de l’inclusion au numérique à d’abord été porté par les Espaces publics numériques (EPN). Dès la fin des années 1990, les premiers se structurent en France. Ils sont des lieux de médiation individuelle et collective aux Technologies de l’Information et de la Communication. Ils peuvent être liés à différentes structures : médiathèque, MJC, association de quartier …
Au niveau de l’État, Mounir Mahjoubi, secrétaire d’État chargé du numérique, a remis un rapport le 13 septembre 2018 pour « un plan nation pour un numérique inclusif ». Dans celui-ci, « Le but est d’accompagner et de former 1,5 million de personnes au numérique chaque année ». Le projet est d’investir 5 millions sur le territoire, notamment à travers des structures intermédiaires : les Hubs connectés. Leur but est de « s’assurer que les petites organisations, à l’image des fablabs ou des tiers lieux, se coordonnent » a expliqué Mounir Mahjoubi. Dans la région, le projet est porté par Hinaura. Aujourd’hui, près de 4000 conseillers numériques sont en formation financée par l’état pour être déployée dans le territoire.
Par ailleurs, ce plan mit en place les Pass numériques. Par exemple, dans la région Aura, il permet d’avoir un bon de 150e qui peut être utilisé dans les EPN pour avoir accès à des ateliers d’accompagnement.
Lucas Sadowski