Le documentaire « Détenues » réalisé par Marie Drucker présente des portraits de femmes, condamnées à de lourdes peines. Diffusé sur France 2, ce film est l’aboutissement d’un an et demi dans une prison quelque part en France. On ne connaît pas le lieu exact. Une heure de récit dans une profonde intimité avec des femmes en détention pour des crimes graves.
Le documentaire de Marie Drucker, journaliste et animatrice notamment sur France 3 et RTL, a été diffusé le 9 février dernier sur France 2. Ce documentaire met en lumière un sujet sensible, et rarement traité dans les médias. Le milieu carcéral féminin est très minoritaire par rapport à celui des hommes. Au 1er juin 2015, 3,5 % de la population pénale écrouée étaient des femmes, selon le ministère de la Justice. Soit 2 000 femmes contre 70 000 hommes, incarcérées sur le territoire français.
Ré-humanisation du milieu carcéral
Quatre personnages principaux partagent leur quotidien avec le spectateur dans toute leur intimité. On les voit travailler, papoter, rigoler… Un lien d’amitié se crée entre elles dans cet espace restreint qu’elles sont amenées à partager pendant des années. Ce focus nous rappelle que les prisons ne sont pas pour les fous. On les accompagne dans leurs rendez-vous avec leurs avocats. On est présent lors des coups de téléphone avec les familles qui ont du mal à accepter leurs crimes.
Dans ce film, Marie Drucker ré-humanise les exclus de la société, ceux qu’on n’entend jamais, dont les visages sont habituellement couverts. Toutes jugées pour crime grave, toutes ont vécu quelques minutes de folie qui ont bouleversé des vies, dont les leurs, à jamais. « En 10 minutes, tout est parti », se souvient Françoise. Tout le long du film, les détenues reviennent sur les évènements qui les ont conduits ici. On ne s’attarde pas sur les crimes commis, ni sur le fonctionnement des prisons françaises, mais bien sur le quotidien de ces détenues.
Peur de sortir
Toutes incarcérées depuis un certain temps, elles construisent chacune leur chez-elle. Leurs cellules deviennent leurs chambres. Le « dehors » devient une notion très complexe. La rue, la ville, la société sont autant de concepts difficiles à imaginer. Une ne se sent « pas prête à sortir ». D’autres n’en peuvent plus, et ont peur de mourir en prison. « Je suis un monstre ! » Peut-on entendre un peu plus tôt. « J’étais enterrée vivante. » Sanglotte Betty.
Trailer
L’approche de la documentariste
Marie Drucker explique dans son interview RTL qu’elle s’est rendu pendant 6 mois au centre de rétention sans caméra. Cela lui permet d’instaurer des relations de confiance avec les prisonnières avant de commencer le tournage.
La réalisatrice organise d’ailleurs une projection du documentaire dans le centre de rétention avant sa diffusion télé pour empêcher que les détenues ne soient isolées en regardant le film. « Elles acceptent leur culpabilité, elles ont du mal à vivre avec ce qu’elles ont fait, et avec leurs peines, leurs condamnations et elles ont toutes peur de sortir, et un autre point commun c’est que leurs familles ne veulent plus les voir ».
Déconseillé aux moins de 10 ans
Le documentaire est produit par What’s Up films, avec la participation de France Télévisions et du Centre National du Cinéma et de l’Image Animée. Réalisé et écrit par Marie Drucker pour l’émission Infrarouge. Vous pouvez visionner ce film en intégralité sur France TV PLUZZ (dispo encore quelques jours).
http://pluzz.francetv.fr/videos/infrarouge_,135089203.html
Pour (re) voir nos contenus sur les prisons :
https://lyonbondyblog.fr/LBB/category/prisons/
©illustrations France Télévision