Cette semaine (5 au 11 novembre), nous avons pu constater une réalité qui dépasse le cadre de nos trois camps ; une vérité générale inhérente à tous les camps de Roms de l’agglomération, voir même d’Europe, pendant les périodes de grands froids.
Le petit mot Rom du jour : » Berdeva » qui veut dire » poêle à chauffer « . Les Roms habitent de petites baraques à peine isolées du froid. Pour pouvoir rester au chaud, ils utilisent un poêle à chauffer (Berdeva en Rom) fait avec des matériaux de récupération en ferraille. Ce poêle, divisé en plusieurs parties, est fait de la même façon dans tous les camps. La partie principale est un baril vide auquel on a fait plusieurs trous : un de face, auquel on fixe une sorte de gaine d’extraction pour évacuer la fumée comme une cheminée ; et deux autres trous à la base du baril qui servent à alimenter le poêle en combustible.
Une dangerosité extrême
Cette semaine, les poêles à chauffer ont été mis en route au maximum de leur capacité. Ce qui pose une série de problèmes aussi dangereux les uns que les autres. Tout d’abord, ces poêles sont disposés à l’intérieur des baraques, elles même faites pour leurs plus grandes parties en bois. Loin de moi de vouloir dire que les maisons en bois ne sont pas des maisons fiables. Pour preuve, aux Etats-Unis les maisons sont pratiquement toutes faites en bois. Mais l’on sait bien que le grand méchant loup est venu sans grande difficulté à bout de cette maison en bois. Pour revenir à nos moutons, ou plutôt à nos cochons, ce poêle à chauffer est disposé à l’intérieur des baraques en bois, sans protection entre le bois et le gros baril bouillant. Le risque étant de faire s’embrasser les petites baraques en quelques secondes avec leurs habitants. De plus cette population, comme nous avons pu le préciser lors des précédents articles, a énormément d’enfants en bas âge qui se brûlent très souvent en touchant le baril bouillant. Ce qui est d’ailleurs arrivé cette semaine.
La petite Miya La petite Miya s’est brulée le bras au troisième degrés. Ce poêle, malgré le fait qu’il chauffe très bien (voir trop) les baraques présentent aussi un risque d’asphyxie. En effet, les voies d’extraction d’air étant inappropriées, laissent souvent la fumée s’échapper dans la baraque. Il suffirait alors que cela se passe durant la nuit pour que tous les habitants meurent asphyxiés. Enfin, le dernier point négatif est lié au combustible. Le bois qui sert à alimenter ce type poêle est trouvé sur la place même où squattent les Roms, il sont obligés pour se réchauffer de couper tous les arbres au fur et à mesure que l’hiver passe, ce qui motive encore plus les municipalités, une fois la trêve hivernale passée, à les expulser.
Les précédents articles de Desperate Roms Life :
1.0 Un premier contact fort en impressions
1.1 Un quotidien précaire
1.2 Les occupations des grands
1.3 Une série d’expulsions
1.4 Des nouveaux camps, l’illusion d’une nouvelle vie ?
1.5 Un portrait tant attendu