Cette semaine, Desperate Roms Life nous livre le portrait d’un enfant du camp, Maline S. Une description qui devrait vous permettre de vous rendre compte du quotidien des enfants dans le camp. Et peut-être de vous identifier à lui.
Le petit mot Rom du jour : » Jakar-tu » qui veut dire » débrouille-toi » Pour le premier des portraits, nous avons choisi un enfant de 13 ans, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les enfants sont très nombreux dans les camps du fait d’un manque de moyens de contraceptions, entre autres. Ils participent en outre au fonctionnement de la vie du camp. Enfin, c’est avec eux qu’il nous a été le plus facile de nouer un lien. Assez petit pour son âge, avec des yeux bleus et un sourire quasi omniprésent, Maline a la peau claire, une tête ronde et des cheveux châtains. Le jeune rom nous a été d’une aide inestimable. Il nous traduisait les paroles de ceux qui ne parlaient pas français, nous expliquait les aspects qui nous semblaient incompréhensibles. Et l’on a pu créer une vraie relation avec lui. Le quotidien de Maline n’est pas celui que l’on peut attendre d’un enfant de 13 ans. Il n’a jamais été scolarisé et nous exprime tous les jours son envie d’aller à l’école.Il a l’âge d’être au collège. Ce qui apparemment pose problème, nous dit on. Les collèges dépendent en effet du département, et non de la commune comme les écoles primaires. Apparemment, il y est plus compliqué d’y scolariser son enfant qu’en primaire. Ou en tout cas quand on est Rom. Comme tout enfant du camp, Maline rend service à sa communauté. Il va donc tous les jours faire les poubelles avec son père pour récupérer tout ce qui peut être utile au camp. Contrairement à d’autres enfants, Maline ne mendie pas.Lorsqu’il a fini d’aider son père, il peut enfin disposer de son temps comme bon lui semble. Il va traîner un peu dans les rues avec les Roms de son âge pour s’amuser. Un garçon débrouillard Le trait de caractère que l’on remarque tout de suite chez Maline, c’est qu’il est très dégourdi. Sa situation l’a poussé, si ce n’est obligé, à devoir se débrouiller, tant à l’intérieur du camp qu’à l’extérieur. Son contact facile avec les adultes, sa dureté avec les autres jeunes et sa compréhension rapide des différentes situations auxquelles il est confronté sont autant de signes de cette force. Le fait qu’il soit si débrouillard est d’ailleurs autant reconnu par nous que par les jeunes qu’il côtoie, et qui viennent souvent faire appel à lui. Cela lui confère une position prédominante parmi les jeunes, et donc dans le camp. On pourrait se poser la question : Est-ce qu’un enfant doit être débrouillard aussi vite ? Est ce qu’il doit perdre une vision naïve du monde pour mieux en faire partie et en ressortir gagnant ? Mais là n’est pas la question, ni le but de cette chronique.
Les précédents articles de Desperate Roms Life :
1.0 Un premier contact fort en impressions
1.1 Un quotidien précaire
1.2 Les occupations des grands
1.3 Une série d’expulsions
1.4 Des nouveaux camps, l’illusion d’une nouvelle vie ?