Au tribunal correctionnel de Lyon, un jeune à peine majeur est jugé dans le cadre d’une affaire datant de 2021 et liée à une annonce frauduleuse sur le site Leboncoin.
Dans la salle, une douzaine de personnes assiste à l’audience, celle d’un jeune placé dans un box et qui depuis près d’une heure répond aux questions de la présidente. Les deux victimes sont un couple d’une trentaine d’années qui est tombé dans un véritable guet-apens, suite à une annonce Leboncoin frauduleuse. Le rendez-vous est fixé le 21 décembre 2021 sur un parking délabré du septième arrondissement de Lyon. Sur place les deux amants se font séquestrer, déshabiller, fouiller et menacer à l’aide d’une arme factice par des individus vêtus en noir. Leur cauchemar va durer trente longues minutes après quoi ils sont relâchés et encore en état de choc, ils vont contacter les forces de l’ordre.
Une fois arrivée, la police inspecte la zone, les agents retrouvent sur le parking un briquet, un masque chirurgical utilisé par les agresseurs et une tache de sang, des preuves qui s’avèreront inexploitables. Ils examinent également le contenu des caméras de surveillance, ce qui leur permettra d’identifier un des quatre assaillants. L’enquête se poursuit et grâce au travail des experts, l’adresse IP ainsi que le numéro de portable utilisés pour publier l’annonce sont retrouvés, ce sont ceux du prévenu. La police se rend donc à son domicile mais il est absent, il finira par se présenter au commissariat plus tard accompagné de sa mère. En garde à vue, il niera les faits pour ensuite revenir sur ses propos et avouer qu’il est à l’origine du compte Leboncoin utilisé pour publier l’annonce.
Placé en détention provisoire il admet avoir ouvert une nouvelle ligne téléphonique dont il était l’unique utilisateur, comme le confirmera sa petite amie. Sa seule défense est une photo prise trente minutes après le début de l’agression où il apparaît aux côtés de sa compagne en étant habillé différemment. Quand on lui demande, il indique que la raison qui l’a conduit à réfuter les faits et à changer de version plusieurs fois est une « peur des représailles ». Son avocat déclare à la cour qu’effectivement cette peur est bien réelle, que ces représailles peuvent être d’une grande violence ce qui explique sa demande de remise en liberté.
Vient le tour du procureur qui s’amuse de ne serait-ce qu’envisager une relaxe. Selon lui c’est tout l’inverse, pour des faits qui auraient pu « le conduire à la cour d’assises », il devrait écoper d’une peine de quatre ans d’emprisonnement ferme. Il le rappelle, le vol est puni de sept ans d’emprisonnement et de 100 000 euros d’amende lorsqu’il est commis par un majeur avec l’aide d’un ou plusieurs mineurs, agissant comme auteurs ou complices, d’autant plus s’il est commis avec violence.
L’audience est suspendue le temps que les juges aillent délibérer puis après de longues minutes, ils font leur retour dans la salle plongée dans un grand silence. Il est déclaré coupable par le tribunal qui le condamne à deux ans d’emprisonnement avec maintien en détention ainsi qu’une obligation de dédommager les victimes à hauteur de deux mille euros chacun. Pas de réaction, il se lève et quitte la salle escorté de deux policiers.