Annabelle Roch, jeune maman Lyonnaise réalise le projet d’ouvrir une école pour enfants autistes. C’est dans le 4e arrondissement de Lyon que cet établissement a vu le jour il y a quelques mois. Atys, l’Autisme Therapy School.
Dans une classe normale, les élèves sont environ 35, de niveaux différents avec un seul professeur. Ils sont dissipés pour quelques uns, pas très intéressés pour d’autres, le professionnel quant à lui est légèrement fatigué. Ce dernier a les traits marqués sur un visage, un corps qui ne demande qu’une chose, apprendre, transmettre un savoir qui le passionne depuis un diplôme obtenu il y a des années. De l’autre coté du miroir, les ministres de l’Education changent, s’enchaînent mais le système éducatif reste le même. Tout évolue, progresse. Les voitures vont plus vite, les satellites vont plus loin, on pense même à coloniser Mars, mais le niveau des écoles régressent. Tout cela, c’est le résultat d’une éducation pour des enfants sans problème neurologique, dans des collèges ou lycées accessibles sans aucun problème d’inscription. Tout ou presque serait à refaire pour ces établissements. Mais pour des enfants en difficultés depuis la naissance tout reste à faire.
L’autisme en France
De l’espoir d’un progrès sociétal à la création de son projet, Annabelle Roch, directrice de l’école Atys, a choisi d’être actrice d’une cause oubliée du territoire. Selon l’Institut Pasteur, l’autisme touche environ 650 000 personnes en France ou une naissance sur 100. Les écoles spécialisées, pourtant, se font rares et seuls le courage et la volonté de particuliers permettent la création de centres pour les enfants souffrant de troubles du spectre autistique. De l’autisme de « haut niveau », comprenant une absence de communication verbale, une perturbation des relations sociales et un trouble du comportement, à l’autisme Asperger ou de Rett, ils sont pour 80% des cas déscolarisés. « J’ai un petit qui vient d’arriver, parce que l’école à juger trop difficile de le garder », raconte Annabelle Roch. Ils font partie de ceux qu’on ne veut pas oublier mais que le temps écarte inéluctablement vers une sortie scolaire. Ce qui nécessiterait un accompagnement adapté pour eux, se conclut par un refus de les accepter.
Pourtant la loi interdit à un établissement scolaire de refuser l’inscription d’un enfant autiste. Les infrastructures sont à la peine et les aides bien trop peu développées pour suivre les enfants en difficultés. Aline Guitard, professeur d’un collège de Villeurbanne explique un quotidien presque absurde « J’ai un collègue qui a de gros problèmes de santé avec des difficultés à marcher et des élèves qui ne peuvent pas se déplacer sans béquilles. Le collège n’a pas d’ascenseur…On en est presque à leur dire de changer d’établissement, mais ce n’est pas possible ! Alors on se dérouille, on change les salles de réunions du rez-de-chaussée en salle de classe pour éviter les escaliers à ceux qui ne peuvent pas les prendre. »
« Je ne me verse pas de salaire »
Les enfants autistes ont besoin d’une personne pour les aider pendant les cours mais le plus souvent « ils ne sont pas assez formés » continue Annabelle. «Dans la majorité des cas, l’un des deux parents arrête de travailler pour pouvoir s’occuper à plein temps du petit ». Des écoles se construisent pour se spécialiser dans le trouble de l’autisme, mais trop peu. Ces dernières sont chères et difficilement à la portée de tous. « Si le parent veut s’occuper lui-même de l’enfant avec un accompagnement complet et adapté, cela lui coûtera entre 1000 et 2000 euros minimum par mois ». Entre soins et thérapies, la note monte vite mais il est nécessaire « de stimuler l’enfant chaque instant ».
Alors pourquoi attendre que les choses changent ? Annabelle a décidé d’être actrice d’un monde laissé pour compte, dans une société de plus en plus mouvementée. C’est compliqué ? oui, fatigant ? à n’en pas douter, mais tellement généreux que cela dépasse l’entendement. « Je consacre deux après midi pour mon fils puis le reste du temps je suis à l’école », continue-t-elle sans se plaindre le moins du monde. Cette musicothérapeute de formation a ouvert les porte d‘Atys il y a quelques mois et compte dans ses rangs, une psychologue, une dramathérapeute et un ergothérapeute. Elle ne dispose d’aucune aide, d’aucune subvention. « Je ne me verse pas de salaire », un sacrifice qu’elle consent à faire pour pouvoir payer ses salariés et accueillir les sept enfants de 3 à 12 ans dans les locaux. « Je ne peux en prendre plus d’un certain nombre pour avoir les meilleurs résultats possibles avec eux ». Le but est de donner un maximum d’autonomie à ces enfants afin qu’ils puissent être de nouveaux scolariser le plus vite possible. « L’un d’eux, qui a été refusé dans l’école dû à ses trop grosses difficultés, va être scolarisé prochainement », un but qui devient une fierté quand il se conclut.
Pour pouvoir inscrire son enfant à l’école Atys plusieurs tarifs existent. 65 euros journalier, 600 euros par frais d’inscription ou encore 850 euros pour le prise en charge à temps plein de l’enfant. Les résultats sont prouvés, ils progressent très vite, ainsi cet investissement est largement récompensé par leur développement.
Une éducation en manque de moyen ?
Des études du syndicat des finances publiques solidaires estiment une perte de 60 à 80 milliards d’euros à cause de l’évasion fiscale, 1000 milliards pour l’UE entière. Selon le site de du ministère de l’Education, 99,7 milliard d’euros ont été consacrés à l’éducation en 2014, à peine plus de que ce que représente le manque à gagner de cette fraude fiscale. Si cet argent revenait dans les caisses de l’Etat, sûrement serait-il indispensable d’investir dans des infrastructures d’établissements scolaires pour les élèves en difficultés physiques et neurologiques. Investir dans la formation de professionnels adaptés, aider la création d’école comme Atys…mais avec des « si » on refait l’Etat, le monde. Et si c’était ça la solution, tout refaire….