Découvrez l’nterview d’Idriss Aït Youssef, Directeur d’APC Recrutement et précurseur en France de la lutte contre le chômage des jeunes diplômés issus de la banlieue.
Dans une période où le taux de chômage est à son paroxysme, je me demande quelles sont les manières de répondre au secours des jeunes diplômés issus des classes populaires, discriminés pour leurs origines sociales, et étant les premières victimes de la conjoncture économique actuelle.
Je suis donc allée à la pêche à l’information, au près d’Idriss Aït Youssef, Directeur d’APC Recrutement, lors du lancement de « Nouvelle France », le 12 décembre dernier. (voir article)
Je lui propose ainsi de nous isoler dans un coin plus calme en aparté, pour l’interviewer. Il accepte volontiers et entame une petite discussion sur le thème, dont il a été l’un des précurseurs en France : le chômage des jeunes diplômés de banlieues. Il souhaite diversifier son action dans l’aide à l’emploi des jeunes cadres multi-diplômés, qui restent malgré l’étendue de leur connaissance au chômage. Il me confie qu’il envisage de créer un cabinet de recrutement APC sur Lyon, pour développer ce concept en province. Alors, au gré de la discussion, je m’informe sur sa société et les objectifs qui en découlent.
Quelles sont les principales raisons qui vous ont poussé à créer APC Recrutement ?
La première raison est le constat d’un taux élevé de chômage des jeunes diplômés issus des banlieues. L’autre raison est aussi le fait que certains jeunes diplômés ne maîtrisent pas les moyens de recherche d’emploi. Ils me disent « j’ai envoyé une centaine de candidatures et je n’ai eu aucune réponse », je leur réponds qu’envoyer des centaines de candidatures est inutile s’ils ne tiennent pas compte du profil recherché et qu’ils ne procèdent pas à l’adaptation de leur candidature à ce profil.
Quel est le profil des étudiants que vous accompagnez dans la recherche d’emploi et comment les aidez-vous ?
Notre cible est essentiellement les diplômés de Bac+2 à Bac+5. APC propose du Coaching dans la manière de se présenter, de se tenir, un atelier d’aide à la rédaction de CV et lettre de motivation, puis un appui dans la recherche d’informations pour le ciblage des entreprises.
APC fait-il parti de la genèse de Nouvelle France ?
Non, APC a été une réponse au chômage des jeunes diplômés, Nouvelle France est un think tank. Certes, certaines problématiques comme la responsabilisation des jeunes sont mises en exergue dans les deux projets. Mais, Nouvelle France demande une réelle implication de toutes les compétences, de tous les adhérents.
Lors de son discours, Karim Zéribi (ndlr : le fondateur de Nouvelle France) a affirmé son opposition pour la discrimination positive, certaines personnes dans la salle n’ont pas approuvé cette position, que leur répondriez-vous ?
Comme Karim l’a souligné, la discrimination positive est une autre forme de division, notre système république et laïc ne peut en aucun cas créer des moyens pouvant entacher sa cohésion sociale et nationale. Une affirmative action en France basée sur les origines ethniques serait trop injuste, car tous les jeunes des banlieues subissent de la discrimination, même les « Français de souche », les métisses… Réfléchir sur la discrimination positive est taboue en France pour toutes ces raisons là. Mais, il est possible de faire de la discrimination positive en trouvant la bonne base. La carte scolaire est une forme de discrimination territoriale légitime sur laquelle il serait intéressant de continuer à travailler.
L’interview clôt sur cette éventuelle thématique de recherche, qui pourrait aboutir à une série de mesures répondant à la demande des élèves et parents d’élèves fatigués des initiatives incohérentes de M. Darcos.
Auteur : Kaïswaria Issa