À un an des municipales de 2026, Grégory Doucet, qui vise un deuxième mandat, subit sa mauvaise image. Jugé peu à l’écoute, il fait le tour des médias locaux afin de répondre aux inquiétudes et aux reproches qui lui sont faits. Il entend bien regagner le coeur des Lyonnais afin de se faire réélire.
Jusqu’à présent, le maire écologiste de Lyon laisse derrière lui un bilan peu satisfaisant, ce qui ne fait pas son affaire pour les prochaines élections municipales qui auront lieu en 2026. En 2020, il avait réussi à se faire élire sur une division de la droite, à l’instar de Gérard Collomb en 2001. Dès 2022, il avait fait savoir qu’il se représenterait pour un deuxième mandat.
Un sondage de l’Ifop-Fiducial pour Lyon Capitale a révélé que 58% des Lyonnais sont insatisfaits de leur maire. Sa cote de satisfaction chute à 42%, contre 48% en 2023. Le sondage a également révélé que les principaux points de discorde résident dans l’action menée en matière de sécurité (37% de satisfaits) et de circulation (26%, soit -10 points). Les travaux provoquent aussi le mécontentement des habitants de la capitale des Gaules.
Un constat que semble partager Pierre Oliver, maire Les Républicains (LR) du 2e arrondissement : « Les Lyonnais sont confrontés au quotidien à de nombreux problèmes : problème de sécurité, de mobilité, de logement… Ils ne se sentent pas écoutés sur ces problématiques […] ». Pour lui, « ce sont avant tout les militants écolos qu’ils écoutent […] ».
Audrey Hénocque, première adjointe écologiste, nous dit « prendre ce sondage avec du recul » : « Pour moi, il n’y a pas de reconquête. Cela voudrait dire qu’on a perdu quelque chose. ». Elle assure : « Ce n’est pas le retour que l’on a sur le terrain, au contraire c’est positif. Pour ceux qui ont souhaité les écologistes et Grégory Doucet à la tête de Lyon, nos actions sont satisfaisantes ».
Un exécutif dominé par les Verts
Si les Lyonnais et Lyonnaises sont relativement déçus, les élus aussi. Les choix de l’actuel maire n’ont pas toujours fait l’unanimité.
Dès mai 2024, entre Grégory Doucet et Nathalie Perrin-Gilbert, rien n’allait plus. L’ex-adjointe à la culture n’avait pas apprécié que la Ville de Lyon envisage de vendre le musée de Guimet, qu’elle voulait garder. Elle avait fait part de sa volonté de démissionner de son poste avant que Grégory Doucet ne la démette de ses fonctions, le 13 mai, sur fond de désaccords politiques. Suite à cette destitution, Audrey Hénocque a été nommée pour la remplacer.
Il faut dire que les Verts ont continué à renforcer l’exécutif en leur faveur. Suite à la dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier, des élections législatives avaient été mises en place le mois suivant. Sandrine Runel, élue députée du Parti socialiste à l’issue de ces élections, avait ensuite démissionné de la délégation des solidarités qui avait été alors attribuée à deux adjointes écologistes : Marie Alcover et Sophia Popoff. Gregory Doucet a pris des décisions stratégiques pour assurer ses arrières en vue des élections municipales de 2026.
Aujourd’hui, il ne reste qu’une seule membre du PS au conseil municipal : Stéphanie Léger, en charge de la délégation éducation. La droite fustige une domination exclusivement verte.
Les médias, terrain idéal de réconciliation ?
Réussira-t-il son opération séduction auprès des habitants ? Le temps presse. Il reste un an à Grégory Doucet pour parvenir à reconquérir la population lyonnaise. L’écologiste n’a pas choisi la rue mais les médias locaux pour répondre directement aux critiques, une occasion de se donner un air d’homme politique à l’écoute.
Le jeudi 30 janvier, il était l’invité spécial de BFM Lyon et Actu Lyon pour l’émission « Lyon Politiques ».
Le mardi 4 février, c’est au micro de Radio Scoopque l’élu s’est exprimé. Il est notamment revenu sur deux griefs : les travaux et la sécurité.
Concernant les travaux, le maire se défend : ils sont indispensables pour « des infrastructures et des services de qualité ». Entre les travaux des futures lignes de tramway T9 et T10, le prolongement du T6, ainsi que les travaux de surface, les Lyonnais n’en voient plus le bout du tunnel. Mais il tient à expliquer : « […] On profite de ces travaux de surface pour aussi faire les travaux en sous-sol. C’est ce qu’on appelle les travaux de concessionnaire […] ». Cela fait notamment référence aux travaux qui sont pour le raccordement au chauffage urbain. Selon lui, ils permettront aux ménages d’avoir 30% d’économie sur leur facture d’énergie. « À l’heure où l’inflation a fait grimper le prix du gaz, de l’électricité, de pouvoir se connecter au chauffage urbain, c’est regagner du pouvoir d’achat ».
La sécurité est une autre préoccupation des Lyonnais. Grégory Doucet a opéré un changement de cap en matière de vidéosurveillance notamment. Peu adepte de la méthode, il a toutefois fixé un objectif de 630 caméras. Il vante également le plus haut recrutement de policiers municipaux : 150 supplémentaires. « […] On n’a jamais autant recruté de policiers municipaux que sous ce mandat […] ».
La droite, peu tendre
« Exécutifs écologistes alliés aux islamo-gauchistes et à l’extrême gauche », « extraterrestres », « l’envahisseur écolo »… Lyon People, magazine d’information mensuel, ne manque pas d’occasion pour critiquer avec véhémence la politique écologiste. Les termes sont aiguisés envers Grégory Doucet et son équipe.
Béatrice de Montille (LR), conseillère municipale du 3e arrondissement : « Je pense que Gregory Doucet, le maire actuel, ne travaille pas avec les Lyonnais sur les projets de fond. Ils sont déterminés à l’avance, en cercle restreint. Sous les anciennes mandatures de Gérard Collomb, ils étaient adeptes de la démocratie participative qui est essentielle au travail en commun. Depuis qu’ils sont arrivés au pouvoir à la mairie centrale et à la métropole, ils ont squeezé cet élément essentiel.
Nous (la droite, ndlr), nous devons travailler ensemble et oublier nos querelles intempestives qui nous ont fait perdre la ville depuis 2001. Je souhaite travailler avec tous les habitants sur un projet commun, notamment pour définir le travail de fond et le respect de tout à chacun. Je pense qu’avec les Écologiste, nous sommes plus sur du dogme que de la politique. C’est pour cela qu’avec mon projet « Lyon au coeur », j’essaye de rassembler les Lyonnais et les Lyonnaises sur un projet commun qui sera bénéfique à notre ville de Lyon, qui est humaniste ».
L’élue écologiste, Audrey Hénocque, garantit qu’ils font en sorte de davantage faire participer la population grâce, par exemple, au budget participatif. « Des projets ont été proposés et votés par la population lyonnaise mais c’est un sujet à creuser dans les années à venir pour que la population soit plus partie prenante ».
Malgré son intention de se représenter en 2026, plusieurs noms sont évoqués pour le remplacer. À commencer par Georges Képénékian, maire de Lyon entre 2017 et 2018. Autre candidat potentiel pour faire face à Grégory Doucet : Pierre Oliver qui veut « tourner la page de cette expérience écolo-extrême gauche ». Les futures municipales pourraient nous offrir des surprises.
Si la droite s’est fréquemment divisée lors des élections municipales, la mairie lui échappant depuis vingt-cinq ans, voilà pour elle une occasion de trouver un nouveau leader. « On travaille actuellement sur le sujet » nous a révélé le maire du second arrondissement. Une candidature qui ferait consensus pourrait rivaliser avec les écologistes, dont l’influence reste très forte à Lyon.
Article signée par Marylou Ferreira