Le 31 décembre 2024, lors de ses vœux télévisés pour l’année 2025, Emmanuel Macron a reconnu que la dissolution de l’Assemblée nationale avait « apporté davantage de divisions que de solutions pour les Français.
Dans ses vœux pour 2025, Emmanuel Macron a fait un geste presque inédit en reconnaissant publiquement son erreur d’avoir appliqué la dissolution de l’Assemblée nationale. En faisant son mea culpa, Macron a voulu apaiser la crise et renouer avec la population. Toutefois, malgré ses excuses, la confiance envers le président semble difficile à restaurer.
Un gouvernement en perte de pouvoir
Pour des analystes, comme Chloé Morin et Frédéric Dabi, il ne suffit pas d’admettre ses erreurs pour réparer le lien avec les Français. L’opinion publique reste marquée par la décision de dissolution, qui a montré comment le président avait perdu son
emprise sur la politique du pays. Bruno Cautrès, politiste au CEVIPOF, souligne que, bien qu’il ait admis ses erreurs, Emmanuel Macron ne semble pas être conscient de la perte de pouvoir qu’il a subie. En l’absence d’une réelle transformation dans sa
gouvernance, il est difficile de croire que la crise soit sur le point de se résoudre simplement par des paroles.
Des mesures participatives sous scepticisme
Face à cette situation de crise, Emmanuel Macron a annoncé des mesures visant à donner la parole aux citoyens, notamment des référendums et de nouvelles conventions citoyennes. Cependant, ces propositions laissent dubitatifs de nombreux experts politiques, comme Frédéric Dabi, qui dit que le président a déjà fait la promesse de référendums à plusieurs reprises sans jamais tenir ses engagements. Les référendums, selon Bruno Cautrès, ne sont pas la solution pour résoudre des questions aussi complexes que celles liées à l’immigration car, selon lui, cette procédure n’est pas adaptée aux débats de société profonds.
Le choix de François Bayrou : un pari risqué
La nomination de François Bayrou à la tête du gouvernement en remplacement de Michel Barnier a également fait l’objet de nombreuses spéculations. Bien que cette décision puisse sembler une tentative de réconciliation, elle ne suffira pas à résoudre
la crise. Bayrou, centriste de longue date et allié de Macron, doit maintenant naviguer dans un environnement politique fracturé et méfiant. Le président semble vouloir redonner des responsabilités aux citoyens à travers ces réformes, mais le problème réside dans la perte de légitimité des partis politiques traditionnels.
L’ascension des élus locaux et la menace d’une démission
La politique nationale a progressivement perdu son pouvoir de mobilisation, et c’est désormais vers les élus locaux que se tourne la population pour exprimer ses préoccupations. Les maires, qui incarnent des figures politiques plus proches des
citoyens, bénéficient d’une confiance largement supérieure à celle des représentants nationaux. Cette « éclipse » de la politique nationale, comme le souligne Frédéric Dabi, témoigne d’un profond malaise dans le système politique français. Les Français
semblent plus enclins à soutenir des leaders locaux, moins perçus comme faisant partie d’un « club fermé » que la classe politique nationale. À cela s’ajoute la question récurrente de la démission de Macron, un sujet de plus en plus présent dans le débat public. Chloé Morin évoque même l’émergence du mot « démission » comme un poison lent, soulignant qu’un précédent président démissionnaire pourrait pousser ses opposants à demander la même chose pour Macron. La déconnexion croissante
entre le pouvoir et les citoyens pourrait bientôt avoir des conséquences graves pour l’exécutif, déjà fragilisé par ses décisions.
Article écrit par Sam Bursztein