Dans le cadre des élections européennes de 2024, Laetitia Pichon, candidate sur la liste Renaissance, a accepté de répondre à certaines de nos questions sur ses projets pour l’Europe. Elle possède une vaste expérience dans la fonction publique territoriale, où elle occupe un poste de cadre en tant que responsable du service habitat et logement. Sa carrière a également inclus des rôles de directrice de maison de quartier et de responsable d’un service d’action sociale, illustrant son engagement dans le domaine social.
Résidente de Tassin la Demi-Lune, Laetitia Pichon est également active en politique locale en tant que conseillère municipale d’opposition. Cette double implication professionnelle et politique montre sa volonté de contribuer à l’amélioration des conditions de vie de ses concitoyens à plusieurs niveaux. Sur la liste des élections européennes, elle se positionne à la 69ème place sur 81 candidats.
Lyon Bondy Blog : Pour ces élections européennes de 2024, il y aura 17 millions de primo-votants. Comment, en tant que membre du parti Renaissance, faites-vous pour intéresser les jeunes à l’élection européenne ?
Laetitia Pichon : Nous sommes présents sur tous les fronts, en essayant de toucher les jeunes de différentes manières. Les méthodes traditionnelles de démarchage ne sont pas celles qui nous permettent de rencontrer le plus de jeunes. Nous tractons également dans des endroits stratégiques, comme la rue de la République à Lyon et à la sortie des universités. Nous avons aussi participé à des débats organisés par les jeunesses européennes et nous utilisons largement les réseaux sociaux pour sensibiliser. Nous avons mené de nombreuses actions, en commençant assez tôt avec l’appui des jeunes, notamment des Jeunes avec Macron, pour encourager l’inscription sur les listes électorales et rappeler l’importance des élections européennes ainsi que leur date. C’est un scrutin à un seul tour, et il est crucial de comprendre le fonctionnement de cette élection.
L.B.B : Pendant cette élection, on constate une opposition forte contre Macron. En tant que candidate macroniste, comment vivez-vous ce type de campagne ?
L.P : D’une part, ce n’est pas une surprise, étant donné que je suis engagée depuis assez longtemps pour savoir que chaque élection devient un peu une bataille de tous contre tous. Pas tout à fait tous, car nous avons remporté certaines élections, mais souvent contre Macron. Quand on est le parti au pouvoir, on devient forcément la cible principale. Cependant, nous avons aussi des soutiens sur le terrain.
Nous faisons constamment référence à l’Union européenne, car nous sommes très attachés à cette élection et au projet européen, qui sont étroitement liés à Macron et à notre politique nationale. Nous essayons de dépasser les enjeux politiques nationaux souvent ramenés dans les discussions pour recentrer le débat sur les enjeux européens. En discutant de l’Europe, de la place de la France au sein de l’UE et des stratégies à adopter avec les autres États membres, nous parvenons à avoir des échanges assez constructifs.
L.B.B : L’Europe fait-elle peur ou reste-t-elle énigmatique pour une partie de la population française ?
L.P : La meilleure raison est que, à part quelques micro-partis qui prônent vraiment la sortie de l’Union européenne, tous les grands partis ont abandonné cette idée. Actuellement, plus aucun grand parti ne dit vouloir sortir de l’Europe ou de l’euro. Cela s’explique par le fait qu’ils ont compris que les citoyens sont très attachés à l’Europe. Lorsque nous discutons avec eux, il est clair que l’appartenance à l’Union européenne est importante pour beaucoup. Cependant, il est également évident que le fonctionnement des institutions européennes échappe à une grande partie de la population. La complexité de ces institutions rend difficile pour les citoyens de comprendre comment elles influencent leur vie quotidienne. De plus, l’impact concret de l’UE sur le quotidien des gens n’est pas toujours évident. Beaucoup ne se rendent pas compte des avantages qu’ils en tirent, car ces bénéfices ne sont pas souvent discutés dans les médias ou les conversations quotidiennes.
L.B.B : Il n’y a pas beaucoup de pédagogie sur l’Europe alors qu’elle intervient quotidiennement dans la vie de tous les Européens.
L.P : En fait oui, il y a une il y a une étude de la Fondation Jean-Jaurès qui est sorti là récemment, qui a étudié justement la médiatisation de l’Europe et qui montre que c’est agir. C’est moins de 2 %, je crois, des sujets dans les médias. En dehors de cette période de l’élection européenne, et même là, en cette année, élections européennes, on est le pays dans lequel on parle moins d’Europe et les élections européennes dans tous les États membres.
L.B.B : Et comment expliquez-vous cela ?
L.P : Très honnêtement, j’ai du mal à l’expliquer parce qu’en plus, moi je m’intéresse beaucoup et ça. J’ai du mal à comprendre pourquoi, effectivement les gens ne s’y intéressent pas. Est-ce que ce sont les gens qui ne s’y intéressent pas ou est-ce que ce sont les journalistes qui ne s’y intéressent pas ? La question de l’œuf ou la poule ? Par exemple, on est le pays qui a le moins de représentation de journalistes à Bruxelles.
L.B.B : Quand on parle de l’Europe, on la présente souvent comme une « méchante » Europe par rapport à nous, les Français.
L.P : Effectivement, il est souvent plus courant de mettre en avant les aspects négatifs plutôt que les réussites. Ce penchant est quelque chose que l’on observe en France. Pourtant, il y a eu des occasions où l’Union européenne a démontré son efficacité, notamment avec l’adoption du plan de relance porté par Valérie Hayer.
Cependant, les discussions ont vite dérivé vers des interrogations sur les achats de vaccins, soulevant des questions sur les motivations sous-jacentes. On a omis de souligner que c’était la première fois qu’une politique européenne de santé était mise en œuvre et que la mutualisation des ressources avait permis d’obtenir rapidement des vaccins de qualité.
Il est vrai que le processus est très technique, impliquant de nombreux débats, coalitions et négociations au Parlement européen, suivi de nombreux échanges avec les institutions. Il s’agit donc d’un processus long. De plus, il est difficile de médiatiser efficacement les réalisations à long terme. Les grandes mesures prises récemment ont nécessité des années de travail.
En fin de compte, en termes de progrès, l’Union européenne avance à travers la mise en œuvre de directives et de politiques de production.
L.B.B : Le vote pour les élections européennes, aura lieu le dimanche 9 juin. Quel va être le message là pour activer les gens à aller voter malgré une forte abstention ?
L.P : Notre message est clair, et nous le répétons sans cesse. Pour nous, nous sommes à un véritable tournant historique. C’est évident aujourd’hui, avec l’impérialisme russe et le conflit en Ukraine. Ce que nous avons vu ce week-end en est un exemple frappant : si l’Ukraine tombe, les conséquences pourraient être bien plus étendues. Il y a cette menace, ainsi que la question de maintenir notre puissance économique face à la Chine, aux États-Unis et aux GAFAM.
Si nous voulons avoir un poids réel, nous devons reconnaître que toutes les législations importantes qui ont été adoptées ont pu l’être grâce à l’Union européenne. La France seule, l’Allemagne seule, elles ne pèsent pas suffisamment face aux GAFAM. C’est certainement regrettable, mais c’est une réalité indéniable. Le projet de transition écologique est également crucial. Il prend tout son sens s’il est porté par l’Union européenne. Des mesures drastiques sont nécessaires, mais elles doivent être appliquées à l’échelle européenne. Les émissions de gaz à effet de serre ne s’arrêtent pas aux frontières nationales.
Tous les enjeux de société que nous rencontrons aujourd’hui – qu’ils soient industriels, économiques, numériques ou liés au développement des plateformes numériques – sont de véritables enjeux européens. Lorsque nous disons que la France est plus forte avec une Europe plus forte, c’est vraiment le message que nous nous efforçons de faire entendre. Nous voulons convaincre les gens de voter et de comprendre réellement l’importance de cette élection.
L.B.B : Alors si vous avez un dernier mot à rajouter, ce serait lequel ?
L.P : Confiance ! Non mais parce que moi j’ai confiance en la mobilisation. Je suis quelqu’un d’optimiste, donc évidemment, j’ai envie de faire confiance aux gens, de dire ils vont se déplacer. J’ai envie que les gens fassent confiance aussi à l’Union européenne, au Parlement européen, aux députés européens. Parce que nous, en tout cas, en plus, dans la liste, dans notre liste, on a quand même des députés européens qui sont extrêmement compétents, qui ont vachement bossé, qui est monté, qui était très engagé et qui ont envie de continuer sur ce travail-là.
Donc j’ai envie de donner aux gens l’envie qui est confiance dans ce questionnement parce qu’on voit bien aujourd’hui on dans ce n’est pas tout à fait nouveau, mais on le voit dans les votes populistes partout en Europe. Donc avoir confiance.