À une semaine des élections européennes du 9 juin, la liste Reconquête, menée par Marion Maréchal, présente son projet européen. Agnès Marion, numéro 7 sur la liste est confiante envers les sondages et explique que son parti vise à attirer les électeurs en prônant une réduction des charges sociales, en s’opposant à l’immigration “massive et incontrôlée” et en refusant l’élargissement de l’Union européenne.
Lyon Bondy Blog : Cette année, il y aura au moins 21 millions de primo-votants au total pour ces élections européennes, dont 9 % en France sur l’ensemble de son corps électoral, comment vous procédez pour attirer cet électorat jeune à voter pour votre liste ?
Agnès Marion : Nous avons entamé notre campagne électorale de manière précoce, en étant le premier parti à sillonner la France dès septembre. Nous avons multiplié les déplacements, visitant les 13 grandes régions administratives et réalisant quelques voyages à l’étranger pour illustrer concrètement nos critiques de l’Europe et proposer nos solutions. Notre campagne a été marquée par de nombreux meetings, dont un grand à Paris le 6 mai dernier, ainsi qu’une vingtaine de plus petits rassemblements. Nous avons également rencontré des artisans, commerçants, boulangers, et agriculteurs, en étant particulièrement présents lors de la crise agricole.
Notre travail avec les médias nationaux a été important, mais nous avons aussi mis l’accent sur la presse quotidienne régionale, souvent négligée par nos concurrents, afin de nous rapprocher des préoccupations quotidiennes des Français. Nous avons expliqué l’impact de l’Europe sur leur vie quotidienne, rappelant que 80 % des lois françaises ne sont que des retranscriptions de directives européennes. Il est crucial de ne pas minimiser cette élection en la réduisant à une simple préparation pour la présidentielle ou à des manœuvres politiciennes entre le Rassemblement national et Emmanuel Macron. Cette élection est, au contraire, d’une importance majeure pour la vie des Français.
Le scrutin proportionnel à un tour avec un seuil de 5 % pour entrer au Parlement européen permet aux électeurs de voter en fonction de leurs convictions. Dès lors qu’une liste atteint ce seuil, elle aura des représentants pour défendre ses idées au Parlement. Cela signifie que chaque vote compte et que les électeurs peuvent véritablement influencer les décisions européennes en votant selon leurs convictions.
LBB : Lors des élections européennes de 2019, le taux d’abstention à Vaulx-en-Velin a atteint 73,28 % parmi les 16 705 électeurs inscrits. Comment procédez-vous pour lutter contre l’abstention et pour convaincre les habitants des quartiers populaires de voter pour vous ?
AM : J’ai grandi avec une phrase de mon père : « Si tu ne t’occupes pas de la politique, la politique s’occupera de toi. » Il est illusoire de penser que la politique n’a pas d’impact sur nos vies, car chaque décision politique nous affecte. La politique détermine la gestion de l’immigration, l’accompagnement des agriculteurs, et par conséquent, la manière dont nous nous nourrissons. Elle façonne les conditions de notre quotidien.
Il est crucial de rappeler cette réalité aux citoyens, même si je comprends leur désillusion face à des promesses non tenues par les classes politiques. Beaucoup ont l’impression que les politiciens n’ont pas de réelle emprise, mais cela résulte souvent d’un manque de volonté politique. Il est essentiel de cesser de voter pour des politiciens qui ne respectent pas leurs promesses de mandat.
Pour redonner espoir, les politiciens doivent adopter un comportement irréprochable et suivre leurs convictions plutôt que les sondages. C’est la force de la liste que je soutiens, menée par Marion Maréchal, une femme politique courageuse. Ancienne députée et fondatrice de l’Institut des sciences sociales, économiques et politiques (Issep) à Lyon, elle a choisi de revenir en politique par conviction.
Marion Maréchal n’hésite pas à défendre des positions à contre-courant, comme dans l’affaire du tweet « Où est la maman ? » en réponse à une photo de Simon Porte Jacquemus annonçant la naissance de son enfant par GPA. Elle affirme fermement que la gestation pour autrui (GPA) n’est pas une option digne, car elle marchandiserait le corps des femmes et contractualisant la naissance d’un enfant. Même si cette position est minoritaire selon les sondages, il est crucial d’avoir le courage de la porter.
Servir ses convictions est essentiel pour regagner la confiance des électeurs déçus et les inciter à participer au scrutin. C’est ainsi que nous pourrons redonner à la politique toute son importance dans la vie quotidienne des citoyens.
LBB : Justement, quelles sont quelques-unes de vos mesures qui pourraient convaincre les personnes issues de quartiers populaires à voter pour vous selon vous ?
AM : Notre programme, détaillé sur notre site de campagne, se concentre sur plusieurs axes majeurs. Premièrement, nous voulons protéger la France contre une immigration massive et incontrôlée, principalement en provenance d’Afrique, qui entraîne une islamisation progressive de notre société. Nous tenons à ce que la France conserve son identité, son art de vivre, sa philosophie et ses valeurs, notamment l’égalité entre les hommes et les femmes. Nous rejetons toute forme de pression sociale ou religieuse qui voudrait imposer des normes étrangères à nos mœurs, comme l’obligation pour les femmes de se voiler.
Nous n’acceptons pas qu’une petite fille d’origine tchadienne se fasse raser la tête par sa mère et que son petit copain se fasse torturer par la famille de sa petite amie parce qu’ils ont eu une relation. Nous n’acceptons pas qu’un homme puisse se faire tuer au couteau à Bordeaux pendant le ramadan parce qu’il a bu une bière. Nous n’acceptons pas que l’immigration entraîne une islamisation qui change la nature de la France et ses valeurs.
Ensuite, nous luttons contre l’assistanat. Nous voulons que les citoyens puissent vivre dignement de leur travail, car c’est une valeur essentielle. Il est inadmissible que tant de jeunes préfèrent les aides sociales plutôt que de s’engager dans la vie active. Actuellement, 1,5 million de jeunes en âge et en capacité de travailler ne sont ni à l’école, ni en formation, ni en emploi. Il est crucial de redonner à ces jeunes le goût du travail et la fierté de contribuer à la société. En tant que mère de six enfants, je crois fermement que le travail apporte fierté et liberté. Nous devons réduire le coût du travail pour les entreprises afin qu’elles puissent mieux rémunérer leurs salariés. Actuellement, les charges sociales élevées freinent cette possibilité. Une réforme s’impose pour alléger ces charges et rendre le travail plus attractif.
Enfin, nous sommes résolus à combattre l’activisme LGBT et wokiste au Parlement européen. En tant que porte-parole de l’association « Parents vigilants », je m’inquiète des tentatives d’endoctrinement de nos enfants à l’école. Les idéologies LGBT, la théorie du genre et le wokisme sont nuisibles pour notre jeunesse. Il est crucial de préserver nos enfants de ces influences et de leur inculquer la fierté de vivre dans un pays riche de son histoire et de ses valeurs. Nous nous opposons fermement à toute manipulation idéologique au sein du Parlement européen et nous nous engageons à défendre une éducation respectueuse de notre héritage culturel.
LBB : Pourquoi selon vous la France affiche-t-elle un niveau d’euroscepticisme plus élevé par rapport aux autres pays membres de l’Union européenne, soit 34 %, comme le révèle la dernière enquête Eurobaromètre, alors que des pays comme le Portugal, l’Irlande et le Danemark montrent une perception beaucoup plus positive de l’UE ?
AM : Les Français subissent une forme de double peine en raison des directives européennes qui régulent minutieusement leur quotidien. Ces réglementations vont jusqu’à dicter la hauteur des tables et des chaises dans les restaurants ou celle des cabinets de toilette. Ce niveau de microgestion suscite une forte envie de liberté parmi les citoyens, qui se sentent capables de gérer ces aspects prosaïques sans intervention excessive de l’Union européenne.
Nous préconisons une approche où chaque nouvelle réglementation serait accompagnée de l’annulation de deux anciennes, afin de réduire cette étouffante bureaucratie. La France a la particularité de surtransposer les directives européennes, c’est-à-dire que l’administration et le législateur français ajoutent systématiquement des normes supplémentaires à celles de Bruxelles, aggravant ainsi la situation.
Les Français, qui chérissent leur liberté, sont profondément déçus de voir l’Europe et leurs propres législateurs s’immiscer dans leur vie quotidienne, limitant ainsi leur autonomie. Cette intrusion alimente l’euroscepticisme, en rappelant qu’au-delà de l’Europe, la responsabilité incombe aussi au législateur français.
LBB : Que prévoit votre programme européen concernant le pouvoir d’achat, sachant qu’il s’agit de la principale préoccupation des électeurs français représentant 57 % dans le sondage Ifop-Fiducial ?
AM : Comme je le disais précédemment, le pouvoir d’achat se renforce en réduisant la pression fiscale de l’État. Il est crucial de remettre les gens au travail et de sortir d’un système où il est plus avantageux de vivre des aides sociales. Ces aides pèsent lourdement sur les salaires des Français et, par conséquent, sur leur pouvoir d’achat.
En effet, les charges sociales représentent près de 50 % du salaire, ce qui signifie que pour offrir un salaire élevé à un employé, l’employeur doit cotiser massivement à différents postes sociaux. Une simple fiche de paie illustre bien cette réalité, avec une longue liste de déductions pour financer des dépenses sociales très lourdes. Les citoyens constatent que cet « État nounou », bien que confortable en apparence, diminue leur pouvoir d’achat. Par conséquent, réduire ces charges et favoriser le retour à l’emploi est essentiel pour améliorer la situation économique des travailleurs.
LBB : Votre liste refuse tout élargissement de l’Union Européenne, pourquoi faire ce choix concrètement ?
AM : L’Union européenne est déjà très élargie, et cela compliquerait les choses sans en apporter des bénéfices évidents. L’entrée d’un nouveau pays déséquilibre les économies nationales. Par exemple, intégrer l’Ukraine dans l’Union européenne finirait par tuer l’agriculture française. Cela affecterait directement ce que nous mettons dans nos assiettes, car la proximité de production a ses avantages.
Acheter chez un producteur local offre une meilleure traçabilité, soutient l’économie locale et réduit l’empreinte carbone. En revanche, l’intégration d’un pays comme l’Ukraine, avec des coûts du travail et des normes sociales et environnementales très différents, crée une concurrence déloyale. Nos agriculteurs et industries ne peuvent pas rivaliser dans ces conditions, ce qui nuit aux intérêts des Français.
LBB : Selon le sondage Ifop-Fiducial du 21 mai dernier, votre liste est créditée de 6 % des intentions de vote. Êtes-vous confiante quant à votre capacité à maintenir ce pourcentage pour rester au-dessus du seuil de 5 %, nécessaire pour obtenir des sièges au Parlement européen ? (Résultats dernier sondage de Ifop-Fiducial)
AM : Nous sommes très confiants et pensons même que nous serons la surprise de ces élections. Vous mentionnez le sondage Fiducial, et vous avez raison, mais plusieurs autres sondages nous placent également en meilleure position. (Dernier sondage Opinion Way) Par exemple, un sondage OpinionWay de la semaine dernière nous donne à 8 %, devant Les Républicains et La France Insoumise, et en quatrième position derrière le Rassemblement National, Renaissance et le PS. Nous avons donc de solides espoirs de faire élire des eurodéputés à Bruxelles.
À partir de 5 % des voix, nous obtenons cinq élus, et si les électeurs nous accordent 10 %, nous aurons dix élus. Ces élus auront la capacité de transformer l’Union européenne. Les élus de Reconquête sont affiliés au groupe les Conservateurs et réformistes européens (CRE) au Parlement européen, un groupe influent qui représente 18 nationalités et inclut quatre partis de gouvernement. Ce groupe est capable de bousculer l’Union européenne et de ramener son centre de gravité vers la droite.
Nous nous battons pour une droite authentique, qui ne baisse pas les yeux, ne fait pas de compromis, sait ce qu’elle pense et ne craint pas de l’affirmer. Envoyer des élus de Reconquête à Bruxelles représente un véritable enjeu et un espoir pour changer l’Europe.