À l’occasion de la journée mondiale de l’hygiène menstruelle le mardi 28 mai, Michèle Picard, vice-présidente en charge de la lutte contre les discriminations et de l’égalité hommes-femmes, Véronique Moreira, vice-présidente en charge de l’éducation et des collèges, ainsi que Bruno Bernard, président de la métropole de Lyon, ont annoncé l’extension de l’expérimentation de la mise à disposition gratuite de protections hygiéniques dans les toilettes à tous les collèges de Lyon d’ici la prochaine rentrée scolaire. Cette annonce a été faite au sein du collège de la Tourette, l’un des établissements ayant participé à cette expérimentation, en présence de sa principale.
D’après un sondage IFOP de 2019, 7 adolescentes sur 10 ne se sentaient pas assez à l’aise avec le personnel encadrant pour demander de l’aide en cas d’oubli ou de manque de protections hygiéniques.
L’accès aux protections menstruelles
La journée mondiale de l’hygiène menstruelle a été créée en 2014 par l’ONG WASH United, afin de sensibiliser sur l’importance de l’hygiène menstruelle et lutter contre les tabous sur les règles. Le choix de la date, le 28 mai, est symbolique : le 5e mois de l’année représente la durée moyenne des menstruations (5 jours) et 28 jours, la durée moyenne du cycle menstruel.
En France, selon une étude de l’IFOP en 2021, environ 1,7 million de femmes n’ont pas un accès suffisant aux protections menstruelles en raison de contraintes financières. Cette précarité menstruelle affecte particulièrement les jeunes femmes, les étudiantes, les femmes sans abri ou en situation de grande précarité. Ainsi, de nombreuses universités sont désormais équipées de distributeurs gratuits.
En 2023, plus de 30 millions de protections périodiques ont été distribuées gratuitement aux femmes et personnes menstruées en situation de précarité via les épiceries sociales et solidaires, les épiceries étudiantes, et les centres d’hébergement. Une enveloppe de plus de 5,4 millions d’euros est allouée à cette action en 2024.
Les protections périodiques réutilisables seront remboursées par la sécurité sociale à la fin de 2024 pour les jeunes jusqu’à 25 ans et pour tous les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (C2S). Pour bénéficier de cette gratuité, il faudra se rendre en pharmacie. La prise en charge est de 100% pour les bénéficiaires de la C2S et de 60% pour les moins de 26 ans, les 40% restants étant généralement couverts par les organismes complémentaires.
Les collèges de la métropole lyonnaise seront eux aussi équipés de protections hygiéniques gratuites pour leurs élèves. Les collégiennes sont à un stade de leur vie où les premières menstruations surviennent fréquemment, ce qui souligne l’importance de ce dispositif.
Lever le tabou sur les règles
Au-delà de la distribution de protections hygiéniques gratuites, la métropole de Lyon a mis en place plusieurs initiatives pour lever le tabou des menstruations et normaliser le sujet dans les écoles. Depuis le 8 mars, la grande collecte annuelle de protections hygiéniques avec 32 points répartis dans les mairies, ce qui permet de sensibiliser la population sur l’importance de l’accès aux protections menstruelles.
Pour informer et sensibiliser les élèves, un livret éducatif sera distribué aux collégiens de 6e et 5e pour démystifier les menstruations et encourager une conversation ouverte et pédagogique sur le sujet, incluant les garçons pour briser le tabou avec bienveillance, comme l’explique Michèle Picard. En parallèle, depuis fin 2022, une exposition intitulée “Et si les hommes avaient leurs règles ?” circule dans les collèges lyonnais. Inspirée d’un livre du même nom, cette exposition utilise des mises en scènes amusantes de super-héros pour imaginer un monde où les hommes auraient leurs règles, provoquant la discussion sur l’égalité et les stéréotypes de genre et encourageant les garçons à s’informer.
La précarité menstruelle n’est pas seulement une question d’accès aux produits, mais aussi une source importante de stress pour les jeunes filles, notamment à l’école, la honte créer autour de ce sujet décourage plusieurs adolescentes à poser des questions importantes autour du cycle et des troubles pouvant être liés, et le manque d’accompagnement peut dans certains cas aller jusqu’à les limiter dans leurs parcours d’élève.
L’âge moyen du début des règles a baisser et des jeunes filles mal informée se retrouvent donc dans des situations qu’elles ne savent pas gérer, 53% des filles de 15 ans et plus on déjà manqué l’école durant leur cycle. La charge mentale associée est donc considérable.
Selon Michèle Picard, répondre à cette précarité menstruelle est une question de dignité et de santé publique. Les distributeurs de protections hygiéniques en libre accès, placés dans les toilettes, permettent aux élèves de se servir de manière autonome et discrète, ce qui protège leur intimité tout en augmentant leur indépendance.
Ce projet tend à créer un climat de bienveillance autour des règles. Elles encouragent chaque élève, garçon ou fille, à aborder le sujet sans gêne ni tabou, contribuant ainsi à une société plus égalitaire et inclusive. Devons-nous nous attendre à une réaction de la région ? L’élargissement de ce projet à l’échelle des lycées renforcerait cette initiative initiée par la métropole et permettrait une couverture complète de la lutte contre les précarités et les stigmas.
Amelie Carapito et Essia Ben Miled