Marius Muzas est un agriculteur lyonnais de 23 ans. Il souhaite ouvrir une exploitation agricole sur le secteur de Vaulx-en-Velin et nous livre les enjeux auxquels doivent faire face les agriculteurs.
Marius Muzas est un agriculteur de 23 ans né à la Croix-Rousse à Lyon. Après avoir étudié l’agriculture, il a décroché un CDI dans le milieu de l’ornemental. Il souhaite ouvrir une exploitation agricole sur le secteur de Vaulx-en-Velin d’ici quelques années et nous livre les problèmes auxquels doivent faire face les agriculteurs français.
(LBB) Quelles formations avez-vous faites en lien avec l’agriculture ?
« Je travaille actuellement comme technicien agricole dans une dans une pépinière qui fait de l’ornemental (production de rosiers) à Feyzin. Plus jeune, en parallèle de mes études de sciences politiques à la fac, je faisais des saisons en tant qu’ouvrier agricole. C’est comme ça que j’ai découvert la profession et ma passion pour le métier. Après la deuxième année de fac, je me suis réorienté, j’ai fait un BTS agricole en apprentissage, à la coopérative agricole de la région Rhône-Alpes. »
« Là je sors sort tout juste de mon BTS que j’ai passé en juin dernier et qui était plus orienté vers la production céréale. Là je suis en CDI et en parallèle de ça, je passe, pour compléter ma formation initiale, un BTS à distance, de production horticole c’est à dire maraîchage, production de fruits, production de fleurs, production ornementale. Mais je ne compte pas travailler toute ma vie dans l’ornement. »
Les élèves qui suivent ce genre de formations sont-ils poussés par leur cadre familial ?
« Alors on s’est retrouvé à une promotion de huit avec deux jeunes et non issus du milieu agricole. Mais sinon, ce n’est que des fils ou des filles d’agriculteurs ou agricultrices. Mais oui, petite promotion d’accord, mais c’est pas représentatif parce que là, par exemple, la promotion qui m’a suivi était une vingtaine. Ce sont des jeunes gens pour un peu plus jeunes que moi, qui ont vécu toute leur enfance sur des fermes, que ce soit en polyculture, élevage ou simplement production de grandes cultures. Et du coup, ils veulent prendre la suite de leur parents. »
Quelles sont aujourd’hui les principales problématiques auxquelles doit faire face le monde de l’agriculture ?
« La politique agricole, qu’elle soit nationale, européenne, elle est basée sur des prix agricoles bas. C’est un choix qui a été fait. Sauf que ce choix, il permet pas de rémunérer correctement nos agriculteurs. De ce que j’ai vu une fois dans une revue technique, on est par exemple à un peu plus de 50 % dépendant de l’extérieur pour ce qui est de la consommation de fruits et légumes. Ça a été un choix, on a vu que les productions maraîchères, les productions de fruits, sont des productions qui demandent plus de main d’œuvre que les autres. Et donc certains ont considéré qu’il était plus simple de déléguer aux pays du Sud où le coût du travail est bien moins élevé. »
« Le pays a les ressources pour produire sur son territoire, ça c’est certain. Mais il faut créer des conditions pour que de nouveaux agriculteurs puissent s’installer. Il y a un enjeu national de rendre de nouveau attractive la profession agricole. Et ça passe d’abord par une bonne rémunération. Parce que ma génération ne peut pas travailler comme les agriculteurs des 50 dernières années. On veut que notre travail paye, mais on aussi veut de meilleures conditions de travail. On veut le droit aux congés, le droit aux loisirs, parce qu’on le mérite également. »
« Il y a ici, à mon avis, deux enjeux : à la fois produire suffisamment pour la population, tout en permettant aux travailleurs agricoles de travailler dans de bonnes conditions. »
Vous souhaitez vous installer à Vaulx-en-Velin prochainement, sera-t-il facile de s’implanter ? Et en quoi consiste votre projet ?
« J’ai accumulé de l’expérience professionnelle, une formation et des compétences. De ce point de vue-là, je suis pas bien inquiet parce que j’apprendrai tout au long de ma carrière. Après, là où c’est compliqué, évidemment, c’est l’argent. Parce que du côté de l’accompagnement, on a un service d’accompagnement à l’installation qui fait très bien le travail. Mais maintenant, faut trouver des financements. Il y a les aides jeunes agriculteurs qui sont apportés par la Fac, mais il y a bien évidemment un accompagnement que j’espère avoir de la mairie et de la métropole. »
« Mon souhait, c’est que mon projet d’exploitation agricole soit réfléchi avec les habitants. Parce que l’idée c’est de faire un lieu de création d’emplois, dans une ville où il y a énormément de chômage, un lieu de vie, culturel et de formation. Donc ça, ça se réfléchit avec la municipalité, mais aussi avec les habitants. J’espère plutôt faire un collectif agricole plus qu’une exploitation individuelle. Parce que le collectif, de par le nombre, la diversité des idées, des compétences et des profils, permet une nouvelle organisation sociale du travail agricole qui permettent de partager le travail et puis tout simplement de créer de la démocratie dans l’entreprise. »