Ce jeudi 1er septembre, la Métropole a signé une convention de partenariat avec le Cerema. Centre d’étude et d’expertise national en partie chargé d’accompagner les acteurs territoriaux dans la transition écologique, il guidera la métropole dans ses politiques d’aménagement du territoire afin de les adapter au changement climatique.
Alors qu’en mars dernier, les français apprenaient que le gouvernement faisait appel à des cabinets d’expertise privés « à des prix exhorbitants », Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon, est fier d’annoncer que l’agglomération collabore avec un établissement public pour l’aiguiller sur ses politiques d’aménagement. En contractualisant ses relations avec le Cerema (Centre d’Étude et d’Expertise sur les Risques, l’Environnement, la Mobilité et l’Aménagement), l’exécutif métropolitain affirme sa volonté d’adapter ses politiques publiques au changement climatique et à la transition énergétique.
« L’acte d’aménager est devenu infiniment plus complexe qu’il y a 50 ans »
Le Cerema est un organisme national d’expertise dans tous les domaines de l’aménagement du territoire (urbanisme, mobilité, eau, déchets, préservation de la biodiversité…) sous la tutelle du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Il a pour vocation d’être un appui pour l’État et les collectivités en termes d’ingénierie et d’expertise technique dans différents domaines tout en favorisant « une transition vers une économie sobre en ressources, décarbonnée et respectueuse de l’environnement ». Après plusieurs années de collaboration avec la Métropole de Lyon, les deux entités ont décidé de contractualiser leurs rapports par une « convention de partenariat et d’innovation sur la transition environnementale et énergétique ». D’après Bruno Bernard, cette signature permettra de « simplifier » et d’« intensifier » leurs relations. Une démarche d’autant plus pertinente que le siège national du Cerema se trouve à Lyon.
Parmi le personnel de l’établissement public, on compte pour moitié des ingénieurs et un tiers de techniciens. « C’est un personnel technique très pointu qui peut apporter des conseils, que ce soit au service de l’État ou aux collectivités », assure Pascal Berthaud, président de l’organisme. Bruno Bernard confirme l’intérêt de la Métropole : « On a besoin, même si nos services au niveau de la collectivité ont des compétences déjà très élevées, de compétences supplémentaires. C’est là où le Cerema a toute sa place pour nous accompagner ». Réciproquement, l’agglomération lyonnaise fournira aux experts un bon terrain d’expérimentation : « On a réfléchi surtout à travailler sur des sujets innovants, la métropole étant pionnière dans beaucoup de thématiques et de mise en œuvre des politiques publiques », explique Séverine Bourgeois, directrice territoriale Centre-est du Cerema.
Pascal Berteaud, directeur général de l’organisme d’expertise, rappelle la difficulté d’adapter les politiques d’aménagement au changement climatique : « Aujourd’hui, l’ensemble des contraintes environnementales dues aux problèmes de changement climatique et de pollution font que l’acte d’aménager est devenu infiniment plus complexe qu’il y a 50 ans. Le nombre de sujets à prendre en compte est très important. Réparer ce qu’on n’a pas fait et pas pris en compte dans le passé demande aussi beaucoup d’énergie. On travaille sur des méthodes qui permettent de prendre en compte toutes ces contraintes afin de mieux aménager qu’il y a 30 où 40 ans, notamment avec une politique d’innovation forte ». Le Cerema est implanté dans 23 villes en France métropolitaine et trois en Outre-mer. D’autres conventions de ce type ont été signées avec d’autres agglomérations comme Bordeaux, Rouen, Nantes ou encore Grenoble.
Ouvrir le champ des possibles sur la transition énergétique
Le contrat, signé pour 3 ans, n’ « a pas un menu de projets sur lesquels la Métropole est certaine de travailler », précise Séverine Bourgeois. L’idée de la convention cadre est de « donner une vraie souplesse de sollicitation pour la Métropole vis-à-vis du Cerema ». Chaque année, le comité de pilotage devra faire l’état de ce qui aura été concrètement réalisé.
Les sujets communs relèvent de la protection de la ressource en eau, par exemple autour de la compétence GEMAPI (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) : « Cela va permettre de réfléchir au traitement alternatif des eaux pluviales, renforcer les leviers d’action au niveau de l’assainissement, expérimenter des actions au niveau des macro-déchets », notamment par le développement du principe de la « ville perméable ». Concernant l’urbanisme et les mobilités, le Cerema aidera la Métropole de Lyon à lutter contre les îlots de chaleurs et se penchera sur la question de la qualité de l’air par les biais de la ZFE (Zone à faibles émissions), de la ville à 30km/h et du plan vélo et piéton. La piétonisation aux abords des écoles et des collèges sera aussi réfléchie.
Un autre sujet majeur concerne la transition énergétique : « On a une ambition très forte du développement du photovoltaïque et nous avons voté la construction d’un nouveau méthaniseur à la station d’épuration de Pierre Bénite », expose Bruno Bernard. D’après Béatrice Vessiller, vice-présidente à l’urbanisme, améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments est également sur la table. Une priorité d’autant plus urgente au vu de la crise d’approvisionnement à venir cet hiver : « Au niveau du patrimoine, on a un défi à relever par rapport à la consommation d’énergie. Les collèges représentent la moitié du million de mètres carrés appartenant à la Métropole. On va devoir renforcer notre plan énergétique sur ces établissements ». Le Cerama pourra accompagner l’agglomération sur son projet de réhabilitation de l’Institut départemental de l’enfance et de la famille aux normes haute qualité environnementale.
Grâce à la reconfiguration du Cerema suite à la loi dite « 3DS » (différenciation, décentralisation, déconcentration) qui a simplifié l’action publique locale depuis février, les collectivités peuvent désormais adhérer à l’organisme afin de participer à sa gouvernance. Une « possibilité » pour la Métropole lyonnaise « afin de simplifier les procédures de travail ensemble et les accélérer », affirme Bruno Bernard.
Aurore Ployer
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