Du 11 février au 6 juin, l’exposition hyperréaliste « Ceci n’est pas un corps » se trouvera à la Sucrière à Lyon. Elle permet de découvrir, pour la première fois, un échantillon de ce mouvement artistique. À travers 40 sculptures d’artistes à la renommée internationale, elle questionne sur les frontières du réel.
Copie ou réalité ? Au moment où l’on entre dans l’exposition, notre rapport à la réalité se brouille. Les statues semblent pouvoir s’animer à chaque instant. Ce mouvement, né dans les années 60 aux Etats-Unis, s’inscrit en réaction à l’art contemporain abstrait de l’après-guerre. « Après la guerre, les artistes ont voulu vraiment décrire leurs émotions de manière abstraite. Ils ne souhaitaient plus représenter des choses figuratives. À l’inverse, le mouvement pop art et l’hyperréalisme ont réinvesti le champ du figuratif. Ils souhaitaient s’intéresser de nouveaux aux gens » explique Marine, responsable d’exploitation à la Sucrière pour cette exposition. On peut y avoir les œuvres artistes internationaux comme Duane Hanson, John DeAndrea et George Segal.
« Un mouvement particulièrement axé sur les émotions »
La précision technique de l’hyperréalisme cherche à nous interroger : « C’est un mouvement particulièrement axé sur les émotions. On le voit dans la façon dont il représente les personnes dans les œuvres et il nous interroge sur ce qu’on en pense, ce que l’on ressent. Parfois, il cherche à nous mettre mal à l’aise pour nous pousser à nous poser des questions ». Il peut également être engagé, « certaines œuvres sont un peu politiques notamment celles de John DeAndrea qui parlent de la manifestation pacifique qui avait lieu aux Etats-Unis où des personnes ont été abattues ». Mais avant tout, ce courant souhaite casser un peu les codes, « montrer les gens moins beaux c’est aussi revaloriser les classes populaires. Par exemple, l’œuvre de Peter Lang montre une personne sans domicile fixe et l’apporte au musée. Faire de cette personne la pièce centrale de son œuvre est aussi assez engagé et cela dénonce certaines choses ». Il s’agit de rendre certaines réalités plus proches de nous et d’interroger notre rapport à la société. « Ce mouvement cherche vraiment à retranscrire les humains, les corps ; travailler de manière objective et neutre à décrire la réalité, et en particulier la réalité la moins agréable, celle des ouvriers et des femmes de ménage. »
Ces œuvres, plus vraies que nature, sont faites pour la plupart en silicone. Pour que la ressemblance soit parfaite, les artistes travaillent avec de vrais poils et de vrais cheveux. Ils utilisent surtout de la peinture à l’huile parce qu’elle permet de travailler minutieusement et d’avoir un rendu très réaliste. Ils utilisent également de vrais vêtements.
Une exposition à la renommée internationale
Après avoir parcouru plusieurs villes étrangères (Bilbao, Canberra, Rotterdam, Liège et Bruxelles), l’exposition a choisi Lyon pour s’établir en France. Coproduite par la société Tempora et par l’Institut für Kulturaustausch en collaboration avec le Musée Maillot à Paris, elle partira le 6 juin pour Paris. Si les organisateurs ont jeté leur dévolu sur Lyon, c’est parce que « la Sucrière est un lieu qui se prête vraiment à ce type d’exposition. En plus, Tempora a déjà utilisé ce lieu pour l’exposition précédente sur le petit prince d’Antoine de Saint-Exupéry. La collaboration ici était donc assez logique pour eux d’autant que Benoit et Raphael Remiche, directeurs de Tempora, sont également tombés amoureux de Lyon » explique la responsable d’exploitation.
L’accueil par le public a été très favorable, « on a eu d’excellents retours, les visiteurs sont très contents. On peut le voir sur les avis de la billetterie fever notamment. En général, ils sont hésitants au début mais très surpris par la suite et assez époustouflés par les prouesses techniques de l’hyperréalisme. Ils ressortent donc très surpris par rapport aux attentes qu’ils avaient au départ ».