Sahara Occidental: « C’est une conférence à la Soviétique « 

Le 2 février, au cinéma « Le Toboggan » de Décines, était organisée la diffusion d’un reportage sur le peuple sahraoui. Dans une salle presque pleine, la représentante de l’association organisatrice (APSO) explique l’histoire du Sahara occidental occupé par le voisin marocain depuis la sortie des espagnols en 1975.

Cette conférence où j’ai ressenti une ambiance anti-marocaine, malgré plusieurs rappels des organisateurs qu’ils parlaient du gouvernement et non du peuple marocain. J’ai entendu que le Maroc y a construit un mur de 2400 km et fait la guerre aux Sahraouis en envoyant des bombes aux napalms et phosphores, pillé des villages et largué des personnes vivantes depuis des hélicoptères. Ce qui a provoqué la fuite de 200 000 personnes qui se sont réfugiées dans le sud-ouest algérien à Tindouf.

Dans le reportage, dur, on pouvait y voir des enfants, des mamans pleurer car empêchés de retourner sur la terre de leurs ancêtres et des personnes âgées qui expliquaient les misères que le Maroc leur ont fait subir.

Un ancien champion médaillé d’athlétisme du Maroc intervenant après la diffusion du reportage, explique qu’il souhaiterait, comme pour la Palestine, créer un comité olympique sahraoui. Puis, dans le public quelqu’un demande  la parole. Cette personne se présente comme Marocain Sahraoui non sécessionniste : Monsieur Jeddou. Il descend sur la scène pour expliquer sa fierté d’être marocain, mais aussitôt le service de sécurité l’attrape, manu militari, pour le sortir de la salle. Ensuite un autre marocain, vendeur de voitures, a demandé plusieurs fois le micro pour lui et son fils de 11ans, ce qui lui a été refusé.

Après avoir vu le reportage, Marie-Christine, une spectatrice me dit: « Si on ne m’avait pas précisé le lieu, j’aurais pensé à un reportage sur Gaza ».

J’ai demandé à une personne assise à mes côtés, qu’elle était son impression générale concernant la conférence:

« Je m’appelle Réda, je suis d’origine algérienne et je ne connaissais pas trop ce problème, je suis venu pour me cultiver. Mon impression générale à cette conférence sur le thème du Sahara Occidental est claire et je l’ai annoncé d’emblée à celui qui m’a accompagné pour y assister avec moi. Je lui ai lancé : «C’est une conférence à la Soviétique»! C’est très clairement ce que je pense, cette impression vient du fait que la problématique n’a été traitée que d’un seul point de vue. Le problème dans ce genre de conférences c’est qu’elles sont souvent traitées de façon superficielle avec, soit des représentants exclusivement de thèses officielles marocaines d’un côté, soit exclusivement des partisans de thèses sahraouies indépendantistes de l’autre. Il vaut mieux, je pense, organiser des conférences-débats en présence de spécialistes dans un climat apaisé ».

Qu’as-tu déploré le plus?

« Comme je l’ai dit, je n’apprécie pas les conférences avec des thèses unilatérales. Aujourd’hui, nous avons eu un étalage des arguments favorables à la cause pro-sahraouie sans débat possible si bien que personne n’a pu se forger sa propre opinion sans être influencé. Si chacun parle de son côté, le dialogue, par essence devient impossible. Je déplore également que deux grands pays tels que le Maroc et l’Algérie soient obligés d’avaliser leurs arguments en Occident au lieu de traiter directement entre eux, car ils produisent sur le territoire français des incidents dommageables. Je regrette également le fait qu’on ait carrément empêché l’intervenant marocain de s’exprimer. Il aurait été de mon point de vue préférable de le laisser s’exprimer librement, cela n’aurait pas nuit à la qualité de la conférence. En revanche, j’ai ressenti trop de haine de la part de cet intervenant envers l’Algérie et cela aussi je le désapprouve. Il faut veiller à ne pas importer un sujet qui risque de diviser la communauté maghrébine de France et d’Europe alors qu’elle a déjà son lot de problèmes commun à solutionner (islamophobie, discrimination). Je n’oublie pas qu’en plus de la culture, de la religion et de l’Histoire, ces deux pays possèdent la plus grande frontière commune du Maghreb, ils sont donc condamnés à s’entendre ».

Pour Nasser Khabat qui avait participé à un voyage à Tindouf, organisé par le consulat d’Algérie.  « Moi je suis pour le droit Onusien, droit international où tout peuple a droit à son autonomie ». 

En sortant de la salle, une personne se présente à moi comme étant marocain et me dit :« Et si demain le Maroc finançait et abritait des sécessionnistes terroristes Kabyles, qu’est-ce que les Algériens diraient »?

 

Azzedine Benelkadi

La rédaction

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