COVID-19 à Mayotte : Une gestion de la crise remise en cause.

Avec 3160 cas et 39 décès confirmés à ce jour, Mayotte et La Guyane sont les deux départements d’outre-mer fortement touchés par cette épidémie de coronavirus. Sur l’île, des professionnels de la santé expliquent cette situation par « un manquement » de l’Etat au niveau de la gestion de la crise et d’autres renvoient la faute  à la population. 

L’île de Mayotte se trouve entre Madagascar et l’Afrique. Crédit : Carte du Monde

 

Situé dans l’océan indien, Mayotte est le 101 ème département français d’outre-mer composé de 270372 habitants selon des chiffres de l’INSEE datant de 2019. Cette petite île française en cours de développement a connu une recrudescence du nombre de cas testé positif durant cette pandémie mondiale. À ce jour le nombre de cas ne cesse d’augmenter malgré la mise en place du confinement dans les villages les plus touchés du territoire. 

Si Mayotte a connu un fort taux de contamination c’est parce que la population refuse de se confiner d’après Philippe*, un docteur de l’ARS. « La population s’est déconfinée elle-même » et il y a eu « des regroupements répétés sans protection. » Selon lui, la pauvreté de la population a également « favorisé la propagation du virus.» Sur l’île, ce même discours est partagé par de nombreuses personnes. C’est le cas du préfet et de la directrice de l’ARS lors de leur interview parue sur la chaine d’information locale. 

Un relâchement causé par l’Etat

Pourtant certains élus du territoire sont d’un autre avis. Pour Idriss*, un ancien élu d’une commune de l’île, l’épidémie a pris de l’ampleur car l’Etat a manqué de crédibilité. Notamment, lors d’une distribution de denrées alimentaires faite par des militaires envoyés au tout début de la crise. « Les gens étaient très proches et ne respectaient pas les règles de sécurité. » D’après lui, cette distribution a été l’élément déclencheur de ce « relâchement » car « l’organisation de cet événement a été totalement improvisée. » Suite à cette intervention de l’Etat faite sans les mesures préconisées, « la population commençait à se demander si l’Etat n’avait pas raconté des bobards. » À cela s’ajoute l’absence de demande d’implication des élus de proximité qui a également amplifié le manque de considération du discours de l’Etat au sujet du confinement.

Un sentiment de « manque de considération »

Du coté des spécialistes de la santé, Karim*, un employé de l’hôpital a constaté un manque de suivi de la part des membres de l’Etat durant cette pandémie. Pour lui, les règles du confinement n’étaient pas efficaces sur l’île car « beaucoup de gens étaient dehors» grâce à la mise à disposition de l’attestation de déplacement. À Mayotte, il assistait à des scènes où « des centaines de personnes faisaient la queue coller-serrer devant un magasin » sans qu’il y ait des contrôles.  Pour lui, « les règles auraient dû durcir » mais ça n’a pas été le cas même après avoir fait ces remarques à un policier. « Le policier m’a répondu en me disant qu’à partir du moment où ils ont une attestation on ne peut rien faire », s’indigne Karim. Ce manque de suivi de la part de l’Etat est un sentiment partagé par d’autres personnes sur l’île comme Dayana*, une étudiante venue en vacances cet été. « On s’est toujours senti mis de côté et cette période n’a fait qu’accentuer ce manque de considération », confie-t-elle. 

Sur l’île, les avis fusent sur cette gestion de la crise mais ce qui est sûr c’est que le rôle de l’Etat est systématiquement remis en cause. Pour redorer son image, le gouvernement devra mener des actions concrètes et effacer « ce manque de considération » ressenti par la population.

 

*: Les noms ont été modifiés

La rédaction

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