Suite au taux d’abstention significatif qui a suivi les dernières présidentielles, on peut se questionner sur la défiance des citoyens vis-à-vis du politique. Dans ce contexte de méfiance ambiante, plusieurs acteurs militants engagés auprès de la jeunesse des quartiers – à Décines notamment – font écho à un nouvel essor politique que constitue la création de jeunes partis crées par des citoyens des quartiers.
La question du renouveau de la conscience politique auprès de la jeunesse fut traitée lors d’un entretien avec M. Mourad Ben Mahdi, membre du Parti Egalité Justice qui se présente aux législatives du 11 juin 2017. Le parcours de M. Ben Mahdi illustre bien la détermination avec laquelle les jeunes cherchent leur voie pour ensuite trouver leur place en société. Tout d’abord en échec scolaire, M Ben Mahdi est passé d’éducateur à professeur d’éducation physique et sportive. Tout en donnant de son temps aux jeunes et en leur redonnant espoir quant à leurs rêves à travers son engagement en tant qu’animateur. « L’avenir d’un pays ? C’est sa jeunesse ! »
Cet engouement pour l’éducation est intéressant mais comment le lier à un engagement politique.
« Je voulais apporter ma pierre à l’édifice. Il est difficile de changer la société par le bas alors je me suis dit qu’il fallait se concentrer sur le haut. Je suis convaincu que si la politique est faite par des personnes intègres et justes, elle peut changer le quotidien des personnes et du citoyen lambda »
Du social au fait politique, ce que voulait surtout souligner M. Ben Mahdi c’est qu’au delà de son parti politique, le plus important est de faire sentir aux jeunes des quartiers populaires vivant souvent dans des conditions de vie précaire (marginalisation, manque d’insertion professionnelle…) qu’ils sont tout aussi concernés par la politique que n’importe qui d’autre. Ainsi, la politique n’est plus réservée qu’à une élite mais c’est aussi possible pour chacun d’entre nous, d’en faire partie intégrante. « Il faut dire aux jeunes que du moment que tu es honnêteté et courageux, tu peux arriver à faire tout ce que tu veux. Sans mettre de barrières dans tes ambitions » L’engament politique de M. Ben Mehdi fait écho à ses propos dans le sens où il constitue lui-même un exemple réaliste d’un citoyen à priori pas plus politisé que la norme, qui s’y est pourtant engagé. Le besoin de s’engager trouve également son origine en lien avec le manque de représentativité des classes moyennes et populaires au sein du gouvernement.
« Quand on sait que seul 3% de nos députés qui nous représentent sont issus des classes moyennes alors que plus de 52% de la population l’est, on se dit que l’on manque de représentativité. Surtout quand on voit tous les énarques qui n’ont jamais connu de discrimination à l’embauche, ni la misère. On ne peut pas s’étonner qu’ils ne trouvent pas de solutions à nos problèmes car ils en sont très loin finalement ! ». C’est en ce sens que plusieurs mouvements politiques menés par des militants associatifs et des personnes engagées auprès des quartiers ont pu voir le jour. Ces partis politiques n’ont pas qu’une visée de gouvernance politique mais ils tentent d’oeuvrer pour le social et c’est pour cela que l’engouement touche un peu plus les populations locales des quartiers concernés par rapport aux autres partis traditionnels notamment.
Cependant on peut questionner la place à venir de ces nouveaux partis face à la place quasi-historique et donc primordiale que prennent les partis dits traditionnels. Ces derniers ont pour eux l’ancienneté historique et une expertise de longue date en politique. Alors que les nouveaux n’ont plus l’instant, que leur détermination pour parcourir le long chemin qu’il le reste à franchir jusqu’à l’Elysée. Mais pourquoi pas ? Qui sait… Après tout, la comédie politique « Ils L’ont Fait » réalisée par Said Bahij et Rachid Akiyahou en Février dernier n’était pas qu’une fiction…