Le ramadan n’est pas encore terminé. Sofia a pu le vivre à son commencement et en Turquie s’il vous plaît..Voici quelques souvenirs qui reviennent à sa mémoire…
Le Ramadan, dit ‘Ramazan’ en turc étant un évènement qui lie toute une culture à travers le monde, ma famille a décidé de prolonger notre séjour à Istanbul afin de vivre cette aventure.
Dans les rues de la ville, on pouvait voir affiché partout « Merhaba Ramazan» (Bienvenue Ramadan) toujours accompagné du portrait du maire, Mustafa Demir, qui est l‘élu ayant tout organisé pour ce mois sacré. Tout le monde se prépare pour le soir : des grandes pancartes énoncent une liste d’artistes qui se produiront, les restaurants affichent des prix compétitifs pour le repas du Maghrib (moment de la journée où le jeûne est rompu), les cafés commencent à dresser leurs tables et les artistes s’entraînent pour leur grande représentation…
A Istanbul, nous avons deux options pour la rupture du jeûne. La première, ce sont ces innombrables restaurants qui proposent des menus remplisseurs de ventre pour seulement 5€. Avec une çorbasi (soupe), un grand plat avec du bulgur, un baklava, des karpuz (pastèques) et un petit verre de çay (thé) pour dîner. Nous nous rassemblons autour d’une grande table peuplée d’hommes seuls qui ne se connaissent pas et qui discutent en attendant le ‘affiyet olsun ’ ( bon appétit) du serveur pour marquer le départ du repas. Et c’est parti, les serveurs !…Pardon…Les TGV font la correspondance cuisine-clients à très grande vitesse face au nombre de demandes des rois…pardon…du consommateurs. Ces serveurs peuvent être âgés de 50 à …10 ans. D’ailleurs ce dernier nous a parlé dans un anglais parfait! Leur fonction étant de nous attirer dans la gueule du kebap, ils nous abordent en usant de toutes les langues qu’ils connaissent afin de nous mettre à l’aise et de capter l’attention de notre estomac. Ainsi, notre hôte, qui nous parlait arabe, passe sans aucune sorte de transition à un espagnol culinaire destiné à nos voisins.
Le 2ème choix offert consiste en de grands banquets offerts par la Ville où des plateaux repas sont distribués gratuitement à des centaines de ventres affamés qui patientent. On peut voir tous ces hommes seuls qui font la queue pour en bénéficier après les familles prioritaires et déjà toutes installées sous de gigantesques tentes.
Après les restaurants, on sort !
Allez, nous nous remplissons de nouveau la panse avec d’autres gâteaux qui n’ont sûrement pas été épargnés par la sucrière puis nous observons de jeunes hommes au gilet bariolé d’or faire, danser la glace à la vanille et, des pirouettes aux cornets. Nous nous asseyons sur des petits fauteuils tapissés autour d’une bonne shisha et d’un verre de thé turc juste pour profiter de cette ambiance colorée et savourer le temps oublié.
Afin de terminer notre soirée halal, nous nous rendons à Sultan Ahmet devant la Mosquée Bleue où de nombreuses femmes voilées et leurs chérubins circoncis ont élu domicile sur un 3m² de tapis de pique-nique et font ainsi connaissance avec les collègues de la paroisse…
Non loin de là, une scène est installée, avec des gradins , des sonos… Nous entrons dans une autre ambiance. Le spectacle commence. Des comiques déguisés font rire les enfants à gorge déployée avec leur manifestation guignolesque, des magiciens nous font rêver en appelant un jeune membre du public au hasard, des derviches tourneurs nous transportent lentement dans leurs bras ouverts au son d’une lente musique soufi, et des grandes stars de la chanson turque viennent nous jouer quelques airs tels Tuluyhan Uğurlu ou Ahmet Özhan, obligeant nos mains à se frapper l’une contre l’autre et à faire bouger les fesses du public sur ces rythmes à deux temps.
C’est avec un certain pincement au cœur que je quitte cet endroit culte qui m’aurait offert mon premier ramadan sur une terre musulmane, entourée de personnes ayant les mêmes pratiques et les mêmes traditions.