Dossier sur les jeunes militants de partis politiques avec le LBB – Épisode 8 – Antonin Greco, militant au Rassemblement National. « J’ai horreur de l’impunité »

À l’approche de l’élection présidentielle de 2022, le Lyon Bondy Blog a décidé d’aller à la rencontre de jeunes militants des différents partis. Pour le 8ème portrait, nous nous sommes entretenus avec Antonin Greco, jeune militant du Rassemblement National (RN).

« Le parti, en ce moment, ça régit toute ma vie », nous confie d’emblée Antonin Greco, 21 ans, étudiant en cinéma. Il est adhérant à la Fédération RN du Rhône et membre du Rassemblement Saint-Genois depuis 2021. L’omniprésence du militantisme dans son quotidien témoigne de sa détermination et de son dynamisme. Ce qui marque, c’est son dévouement total à la personnalité de Marine Le Pen : « J’ai toujours écouté Marine avec les yeux qui pétillaient d’étoiles. Je sais pourquoi je suis entré au RN mais aussi pour quelle personnalité. Je suis d’accord avec sa vision, voire tous ce qu’elle dit ». Des mots qui ne laissent pas de doute sur la sincérité de son engagement.

Son combat, l’insécurité : « Il y a un problème de justice dans notre pays »

Les parents d’Antonin sont passés de la classe ouvrière à la classe moyenne quand son père est devenu patron d’une entreprise de mécanique. S’ils n’ont pas de passé militant, ils ont toujours voté RN. Rejoindre ce parti en particulier était donc « une évidence » pour Antonin, qui a toujours parlé politique avec ses proches. Cependant, c’est un « élément déclencheur », qui l’a fait passer à l’action militante.

« Je me suis fait voler. J’aurais pu me faire poignarder pour des cartes de fidélité. Le lendemain, je me suis levé tôt et j’ai adhéré au parti ». Il nous raconte des agressions qu’on subies ses amies, les vols qu’il a empêché dans les transports en commun. « Les agents TCL ont l’interdiction légale de toucher quelqu’un. Il y a un problème de justice dans notre pays. Les voleurs se baladent tranquillement dans le métro ». Ce sont les crimes laissés sans réponse qu’il abjecte : « J’ai horreur de l’impunité ». Il ajoute : « Je ne veux pas d’une société où l’on puisse dire « sale quelque chose ». Quand on sollicite une précision sur le type de discrimination pointée, il répond : « Quand j’entends des politiques parler d’une certaine manière des personnes en situation de handicap, ça m’irrite. ».

« C’est mon choix de consacrer plus de temps au parti qu’à mes études »

En pleine campagne présidentielle, Antonin ne s’épanche pas sur les difficultés à concilier militantisme et études. Il a fait son choix : le parti passera avant son diplôme d’animateur 3D. « Il n’y a pas de bon ou de mauvais militantisme, il n’y a que ce qui nous fait envie et ce qu’on peut faire. Personnellement, j’ai beaucoup de temps à côté, mais c’est mon choix aussi de consacrer plus de temps au parti qu’à mes études ».

Il s’occupe du « fichier », c’est-à-dire appeler des gens pour les informer, envoyer des mails. Cependant, il passe le plus clair de son temps sur le terrain, à tracter sur les marchés un peu partout dans le Rhône, à faire des collages, sa « spécialité ». Il interagit beaucoup avec la déléguée départementale Michèle Morel : « Il faut qu’elle sache ce qu’on fait, si on a des problèmes, si telle action s’est bien passée. Elle est aussi là pour rassurer quand on a une baisse de motivation, c’est presque un rôle de psychologue ».

Quand on lui demande s’il désire monter les échelons du parti, il n’y semble pas opposé, mais il prend soin de rajouter : « Ma ligne directrice, même si c’est un peu bête de dire ça, c’est aider les gens. Je n’ai pas plus d’ambition que ça. Je suis patriote, je participe à des associations ». Il est porte drapeau de l’Association Départementale du Rhône des Combattants d’Algérie, de la Tunisie et du Maroc (CATM).

« Quand j’ai dit que j’étais au RN, ça a été directement un déferlement de haine »

Le RN, parti classé à l’extrême droite, est souvent caricaturé, ce qui peut avoir une incidence sur la vie sociale. « Ça ne me dérange pas de dire que je soutiens le RN. Maintenant, je n’ai plus de frontière avec ça. Si on me demande pour quel parti je suis, je le dis. Mais j’ai perdu des amis pour ça. Quand j’ai dit que j’étais au RN, ça a été directement un déferlement de haine. « T’es raciste, fasciste », alors qu’on se connaissait depuis plusieurs années. ». Il reconnait néanmoins que le parti est de mieux en mieux appréhendé : « Aujourd’hui, les gens nous comprennent quand même un peu mieux parce qu’on est dans le vrai, on a adapté nos idées à ce que vivent les français ».

Il nous a confié certaines tournures brutales que pouvaient prendre les collages, signe que le parti n’est pas complètement dé-diabolisé : « Parfois, des gens passent et commencent à titiller, ça peut être violent. Il y a un jeune qui s’est fait tirer dessus à la carabine à plomb. Il faut être prêt à tout, j’ai toujours une bombe lacrymogène sur moi. ». Il nous partage même une de ses anecdotes : « Un jour, je collais. Quelqu’un est arrivé en voiture, il a dit “venez, on les a trouvés, fais descendre tous les gamins du quartier“. On est partis en vitesse. »

« Les jeunes sont très politisés, ils s’emparent facilement des sujets »

Antonin affirme qu’il se sent bien au sein du parti. L’harmonie est bonne entre les jeunes militants et les plus anciens : « Ils sont heureux de voir les jeunes qui vont reprendre le flambeau et défendre leurs idées ». Il explique que les jeunes militants permettent aussi d’aborder avec plus de vécu les questions qui les concernent directement.

Il émet un avis plutôt enthousiaste sur le rapport des jeunes et de la politique : « Les jeunes sont très politisés. Ils ne s’intéressent pas forcément à quel politicien dit quoi, mais je pense que les jeunes s’emparent facilement des sujets. Ça peut faire avancer des causes ». Il ajoute : « Quand des jeunes s’engagent pour leurs convictions, qu’ils soient de droite ou de gauche, c’est très beau, il n’y a rien de plus démocratique et républicain que ça », conclut-il.

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