Sami Kdhir : « J’ai donné plus de profondeur à mes personnages »

L’auteur lyonnais revient avec « Le Champ des narcos », qui n’est autre que la suite de son premier livre « Sursis sans frontières ». Il reste fidèle à ses thèmes de prédilection comme la délinquance, le trafic de drogue, mais aussi le voyage. Une grande part est consacrée au Mexique où Sami Kdhir a vécu. Il s’inspire de cette expérience pour donner une teinture toujours plus romanesque à la trame de cette histoire. Entretien.

 

Pour écrire tes deux romans « Sursis sans frontières » et « Le Champ des narcos », tu as adopté des méthodes plutôt particulières. Raconte-nous.

« Sursis sans frontières » a été publié en 2014, mais j’ai commencé à l’écrire dès 2011 sur un rythme de quelques jours de rédaction par an. Puis j’ai accéléré pendant mon séjour au Mexique à Acapulco fin 2013. Les idées étaient là, mais j’avais du mal à m’y mettre à la maison. Un peu plus tard, il s’est avéré que je suis retourné au Mexique pendant deux mois pour la promotion de « Sursis sans frontières » et pour un projet d’adaptation qui devrait voir le jour en 2018. À cette occasion, j’ai peaufiné « Le Champ des narcos » et ça m’a permis d’achever cette deuxième partie pendant le vol du retour de Mexico à Lyon. Il y avait beaucoup de turbulences alors je me suis dit qu’il fallait le finir avant que celui-ci ne se crashe (rires). D’autant que je crains l’avion comme le personnage principal Belgacem.

Pour en revenir à « Sursis sans frontière », Belgacem semble se perdre dans un engrenage imposé par le trafic de drogue, l’un des thèmes principaux.

Dans « Sursis sans frontières », on croise un personnage qui subi son environnement. Il vient des Minguettes, une banlieue sensible, est d’origine maghrébine, d’autant que c’est un dealer et même un consommateur. C’est sur un coup du destin qu’il part au Mexique où il va réapprendre à vivre. Là-bas, on va lui renvoyer l’image du citoyen français. Dans le début du « Champ des Narcos » on le retrouve dans une cellule de la prison de Corbas. Il est questionné par un jeune codétenu qui lui demande de lui raconter son parcours. Et Belgacem se lance dans un flash-back.

« J’ai achevé le livre sur un vol Mexico-Lyon »

Finalement le thème du trafic de stupéfiants est au centre de l’œuvre ?

Le deal revient assez souvent dans les deux œuvres. Il montre la fragilité de la société dans laquelle on vit. Tout le monde peut être tenté de faire ce genre de transaction, car on peut multiplier par dix ses revenus, certes. Mais à ses risques et périls. J’illustre ce fait dans « Le Champ des narcos » avec Choukri le cousin venu de Tunisie pour faire ses études qui après maintes déceptions, notamment avec l’université, décide de se tourner radicalement vers le deal. Moi-même il m’est déjà arrivé d’aller rabattre de potentiels lecteurs dans la rue dans le cadre de ma promotion (rires).

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Dans le « Champ de narcos », tu as pris plus de temps pour dessiner les contours de tes personnages…

Je mettrai cela sur le compte du manque d’expérience à l’époque de « Sursis sans frontières ». Dans cette dernière œuvre, l’idée était de poser le cadre, de pouvoir développer. Il y a des séries qui illustrent mes propos : Gomorra ou The Wire où l’on se retrouve dans un monde de crapules. On n’a jamais de personnages manichéens. Il y a des travers qui sont propres à chacun. Dans mon roman, on ressent de la détresse dans ces personnages à l’image de Lotfi. Celui qui était le plus dur et qu’on voit réduit à une situation de handicap à cause d’un œil en moins.

Le narcotrafic de stupéfiant est un thème résolument présent

Entre deux livres, on sent une évolution dans le parcours de ton personnage principal Belgacem…

Cette évolution se ressent bien dans « Le Champ des narcos ». Lorsque Belgacem apprend la langue espagnole au Mexique, il va être en mesure de communiquer avec tout le monde (professeurs, étudiants, coach de l’équipe de foot). Cela lui permet aussi de progresser dans la langue française sans forcément s’en rendre compte. Au début du récit, il a une manière très spécifique de parler : Il ne parle qu’en terme de kilos avec pour seule base le quartier et la rhétorique du trafic.

C’est le célèbre auteur Rachid Santaki qui a écrit la préface de ton dernier livre. Dans quelles circonstances s’est fait votre rencontre ?

Nous nous sommes rencontrés aux Quais du polar en 2012. C’est quelqu’un de très ouvert. Ce genre de personne a toujours une longueur d’avance et sait mettre à l’aise ses interlocuteurs. Elle n’attend pas qu’on lui demande quelque chose, c’est elle qui propose. C’est à la dictée des cités à Saint-Denis que je lui ai proposé de m’écrire la préface. Et je lui en suis très reconnaissant.

Aura-t-on droit à une troisième partie ?

Il y en aura un troisième (livre) qui se rapprochera plus du thriller. L’histoire sera plus élaborée. Je ferai en sorte de la rendre plus évoluée. On voyagera encore beaucoup. On ira à Los Angeles, en Colombie, en Thaïlande ou en Syrie par exemple, mais avec la France et Le Mexique en toile de fond bien sûr. Pour l’instant j’y réfléchis et je mets les choses de bout en bout.

 

Notre podcast audio avec Sami Kdhir (de 25 min 30 à 40min)

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Mohamed Braiki

Natif de Lyon et enfant des Minguettes, je suis diplômé de Lettres de la Fac de Lyon 2 et l’EFAP Rhône Alpes. J’ai roulé ma bosse dans des rédactions lyonnaises comme la radio Lyon Sport 98.4, Le Progrès, Foot 69.fr, Tribune de Lyon et Lyon Capitale. braikimohamed@yahoo.fr

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