Municipales 2014 « Les mairies sont les remparts contre l’austérité » : interview d’Aline Guitard, candidate Front de gauche

Une des questions qui préoccupe le plus les Lyonnais est celle liée à la petite enfance, notamment celle des places dans les crèches. Que préconisez-vous pour améliorer l’accueil dans ces établissements ?

D’abord, il faut en créer. J’ai une sœur qui travail en crèche depuis longtemps. Elle voit les conditions se dégrader. Quelles que soit les structures – associatives, publiques ou privées – il y a un manque de places. Les directives de la CAF étant de faire du remplissage, la qualité d’accueil des enfants se dégrade. Il faut donc créer des crèches car tout ne peut pas passer par des assistances maternelles. De plus elles sont plus chères. Or c’est aujourd’hui la solution la plus utilisée pour pallier au manque de crèches. Ensuite, pour un certain nombre d’enfants, cela pose la question du vivre en collectivité. Par exemple pour les enfants uniques, c’est important qu’ils soient en groupe dès le plus jeune âge, car c’est un apprentissage. Il faut créer des crèches et surtout endiguer ce qui se développe à Lyon et ailleurs, c’est-à-dire le développement des micro-crèches : des établissements privatisés qui sont très chers et donc réservés à des gens aisés.

C’est vital. Le taux de natalité en France est convenable, à Lyon et ailleurs dans notre pays. Il faut permettre aux familles qui ont des enfants de ne pas obliger les femmes à abandonner leur travail, ce qui se fait souvent pour des questions de niveaux de salaires. Il faut créer des crèches, les mettre en relation et que les assistances maternelles aient accès à des relais : c’est-à-dire des temps ou elles se retrouvent, se regroupent pour faire des activités collectives.

Que pensez-vous de la semaine de quatre jours ? Si vous êtes élue, l’appliqueriez-vous ?

En tant que professeur, j’ai un avis professionnel sur la semaine de quatre jours. Je trouve déjà saugrenue de modifier le temps de travail des gens concernés sans consultation préalable. Tout comme le fait de décider de modifier le rythme des gens sans les concerter. Je ne suis pas forcément contre le fait que les enfants aient moins d’heures de cours par jour et que ceux-ci soient plus étendus dans la durée. Je suis d’une génération où on allait à l’école le samedi, et puis à partir du collège, le mercredi et le samedi. Ceci dit, la société a changé, notamment par la diminution du temps de travail. Les parents ont désormais plus de temps à partager avec leurs enfants. Et le temps en famille est important pour les enfants et pour les parents.

La question est comment on structure le rythme scolaire. Rajouter une demi-journée d’école pour alléger la journée afin de permettre aux enfants d’être moins fatigués, plus détendu, étaler le temps de travail sur la semaine, oui c’est une bonne idée. Mais qu’est-ce qu’on met en place autour, pour le périscolaire ? Quels sont les moyens ? Est-ce qu’on met simplement un ballon dans la cour ? Je n’en vois pas l’intérêt. Autant aller en centre aéré faire des vraies activités culturelles, manuelles ou sportives le mercredi. Ou alors, est-ce qu’on leur propose des ouvertures culturelles, artistiques, des découvertes d’instruments de musiques, etc. En bref, quelle qualité du périscolaire ?

Et puis, cela pose la question de la fatigue. On veut réduire le nombre d’école par jour mais cela ne réduit pas la longueur de la journée pour les enfants. Leurs parents continuent d’avoir un travail où ils commencent à 8h pour terminer à 17h, 18h, ou 19h. Donc les enfants ne sont pas moins fatigués. Il faut prendre le temps de poser les questions suivantes : celle des moyens, des conditions de travail des enseignants à qui ont va demander de travailler différemment et la question des intervenants du périscolaire : qui sont-ils et quelles sont leurs conditions de travail ( diplôme, qualification…). Pour l’instant, dans les textes qui sont pondus nationalement, il n’y a rien. On nous annonce simplement qu’il faut travailler une demi-journée de plus et à charge à chaque ville de gérer les choses. À l’heure actuelle, il ne me semble pas qu’à Lyon, il y ait une véritable concertation de fond, organisée et démocratique. Il n’y a pas de vraie démocratie participative où on demande aux usagers de donner leur avis et de réfléchir à comment on met en œuvre cela, alors que c’est censé être mis en place à partir de septembre prochain.

Il me semble qu’il faut prendre le temps de réunir tous les acteurs sur cette question-là. Et peut-être ne pas le faire dès la rentrée prochaine.

La rédaction

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