Crédit Bellona Club.

#LyonIsBurning : le lyonnais Anton X au Bellona

Samedi 3 février 2018, Le Bellona avance une programmation 100 % lyonnaise. Les trois DJ et producteurs Teets, Ily et Anton X, seront au rendez-vous ce week-end pour nous faire taper du pied sur la péniche du quai Perrache. À l’occasion de ce 8ème épisode du « Lyon is Burning », le LBB a rencontré Anton X pour parler de son expérience de la scène électro, notamment à Lyon.

LBB : Peux-tu nous raconter comment tu es devenu DJ ?

Anton X : J’ai commencé le DJing quand j’avais 16 ou 17 ans, ça devait être en 95. J’avais la chance d’avoir un voisin plus âgé que moi et qui pouvait m’emmener à droite et à gauche. À force d’écumer les soirées, j’ai découvert l’univers des DJ. Ça été un peu comme une révélation, notamment la soirée où j’ai entendu Laurent Garnier jouer pour la première fois. C’était nouveau. Même moi je ne savais pas trop ce que j’allais écouter. Je me suis pris une grosse gifle sonore, multipliée par l’énergie des gens. Il y avait quelque chose de nouveau, un vent de fraîcheur. Ça m’a parlé. Je me suis professionnalisé quelques années plus tard vers 22, 23 ans. Aujourd’hui j’en ai 38, donc ça fait une quinzaine d’années que j’ai la chance de vivre de ma passion. C’est la meilleure chose qui soit arrivée dans ma vie.

Cela fait plus de 20 ans que tu es dans ce milieu, est-ce que tu peux nous dire en quoi ça consiste d’être DJ aujourd’hui ?

Être DJ, passer des disques et avoir des dates, aujourd’hui ça ne suffit plus. Il faut faire sa propre musique. Le métier de DJ, c’est un peu deux métiers en un. C’est aussi être producteur, produire de la musique, faire ses propres morceaux. J’ai un peu ces deux casquettes-là. Je fais de la musique pour moi ou d’autres, des arrangements en studio, au niveau du mastering notamment. Puis le week-end, je vais jouer à droite et à gauche. Le métier de compositeur et de DJ se rejoignent aujourd’hui.

Crédit Anton X.
Crédit Anton X.

Dans la musique électronique, les producteurs ont souvent une sorte de signature. Est-ce que tu as une identité sonore ?

J’essaie d’avoir une patte personnelle oui, dans le choix de mes productions et de mes sélections musicales quand je suis amené à mixer. Je pense que c’est important de jouer ce qu’on a envie de partager avec les gens et de se fier à son instinct. Après, oui, j’espère avoir une patte, même si je change et j’évolue aussi. Mais je pense que chaque DJ a sa sensibilité en tout cas.

Qu’est ce que tu as envie de faire passer avec tes sons ? 

Je fais plutôt de la techno, alors c’est vrai qu’il n’y a pas de parole, donc pas de message en tant que tel. C’est plus une invitation à la découverte, se laisser un peu envoûter par la musique. À part s’oublier et voyager musicalement, c’est vrai qu’il n’y a pas plus de messages dans ma musique.

D’après France Culture ou Rue89Lyon, la région Rhône-Alpes, de Lyon à Grenoble, est une région historique de l’électro en France. Toi qui es dans le milieu, qu’en penses-tu ?

Historiquement en France, on appelait ça le triangle d’or : Lyon, Grenoble, Annecy. Il s’y passait énormément de soirées dans les années 90. Puis il y a eu une accalmie et aujourd’hui ça reprend le dessus, notamment avec Lyon. La ville a eu tendance à aspirer les grosses soirées et les gros événements, au niveau de la culture techno en tout cas. Mais c’est vrai qu’il y a des artistes reconnus qui viennent de la région, comme Oxia, The Hacker, Agoria, qui est exilé sur Paris maintenant, et Rone.

Au vu de ces artistes, est-ce qu’on peut dire que le son lyonnais a ses particularités, ses propres influences ?

Je ne trouve pas particulièrement en fait. Je pense qu’il se cherche encore. Peut-être parce qu’il n’y a pas vraiment de son estampillé « Lyon ». C’est plus le cas en dub avec Jaring Effects ou Le Peuple de l’Herbe. Il y a peut-être un son dub lyonnais, mais pas un son techno lyonnais, pour l’instant. J’espère que ça viendra en tout cas.

Quels sont les lieux et les ambiances que tu affectionnes à Lyon ?

Au début, la techno a relié tous ces gens qui ne rentraient nulle part. C’était un moyen de se retrouver. Que ce soit le public gay, lesbien, queer, qui se retrouvait dans ce genre de soirées, à la base la techno avait cette vocation. C’est vrai qu’avec le temps, ça s’est un peu perdu, c’est un peu rentré dans le paysage culturel global. Aujourd’hui, on va en soirée techno comme à un concert. Malgré ça, il reste quelques soirées technos à tendance LGBT (« lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres », ndlr), comme la soirée Freaks à laquelle j’ai participé, où Les Garçons Sauvages au Sucre. Après il y a d’autres lieux, notamment dans des villes comme Berlin où on retrouve plus ces ambiances-là. Sur Lyon, ça reste plus confidentiel malgré tout. Le Sucre donc, mais aussi le Bellona et le Petit Salon, sont des lieux très sympas. Il y a également le festival des Nuits Sonores une fois par an, qui a changé la ville au niveau de la musique électronique. C’est vrai qu’il y a eu un avant et un après. Avant les Nuits Sonores c’était plus compliqué, il n’y avait pas grand-chose. C’est vrai que depuis quelques années il n’y a jamais eu autant de clubs et autant d’artistes sur Lyon. C’est plutôt porteur. C’est l’un des festivals les plus côté en termes de réputation et de renommée.

Toi aussi tu es lyonnais et tu vis d’ailleurs encore à Lyon. Mais il me semble que tu as déjà participé à plusieurs soirées à l’international…

Oui effectivement, j’en fais pas mal. Là, je pars en Asie dans 15 jours. Je vais aussi faire des dates en Thaïlande et en Australie, à Melbourne et à Sydney. Je voyage un peu, c’est toujours intéressant.

En tant que lyonnais, comment fais-tu pour exporter ton son à l’international ?

Si je pouvais donner un conseil à ceux qui veulent faire ce métier aujourd’hui, ça passe vraiment par la production et par la composition de morceaux. C’est la composition de ses propres morceaux, si possible sur des labels sympas, qui vont permettre de pouvoir s’exporter et de créer une demande à l’étranger. Sans production, à moins d’avoir un réseau et un gros carnet d’adresses, c’est quand même compliqué. Il faut faire sa musique pour pouvoir prétendre à partir en tournée.

Propos recueillis par Clara Delormeau

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