Besson à Lyon, ça tourne à la baston

Le Lyon Bondy Blog était présent hier devant la Préfecture du Rhône où se tenait un rassemblement protestant contre la tenue d’un débat sur l’identité nationale dans les salons de la préfecture en présence d’Eric Besson.

 Rendez-vous devant la préfecture vendredi soir vers 17h. C’est LA nouvelle du jour :  Eric Besson est présent à Lyon pour son débat sur l’identité nationale. J’apprends que le quartier est bouclé. La circulation des bus et du tram t1 a été interrompue depuis 16h (même quand il neigeait ont pouvait se déplacer plus vite que ça !). On voit tout de suite qu’il faut montrer patte blanche pour entrer dans le quartier (avenue de Saxe, rue Vendôme, place Guichard) et même sa carte d’identité pour pouvoir rentrer chez soi. Je croise une femme qui a la malchance d’habiter juste en face de la préfecture : « C’est n’importe quoi. Je dois faire le tour alors que j’habite juste ici ! ». Tout à fait d’accord, mais avec trois cents policiers pour près de deux cents manifestants, je n’allais certainement pas faire de la résistance, cette dame non plus d’ailleurs !

Mais il y a tout de même quelque chose que je trouve étrange et je ne suis pas la seule. Les manifestants (et moi-même) se trouvaient bloqués dans une impasse. Face à eux, la préfecture, et derrière, l’avenue Maréchal de Saxe. Mais ici, il n’y a aucun policier. Il commence à y avoir de l’ambiance. Quelqu’un allume un fumigène. Une jeune fille me confie : « Les manifestations en France, je trouve qu’elles sont vraiment violentes ».

C’est à ce moment que ça devient violent justement. Environ une trentaine d’hommes cagoulés fonce dans la foule et se met à frapper dans le tas. Les manifestants, sont encerclés dans l’impasse, entre une barrière de policiers et des membres de Jeunesse identitaire, d’après les témoignages. Des jeunes manifestants prennent alors en chasse le groupe, des Black blocks apparemment : « Faites attention à ces gens, je les connais. Ce sont les mêmes qu’à Strasbourg. Ils sont cagoulés et attaquent avec des bars de fer » raconte une manifestante. J’apprends qu’un homme est blessé. « Il souffre le martyre. Il a une double fracture » m’indique un médecin. Tout le monde s’est attroupé autour de lui. Les pompiers ne tardent pas à arriver. Je disais que quelque chose était étrange. Trois cents policiers pour Eric Besson mais personne pour protéger les manifestants.

Et le débat dans tout ça ? Je pose la question à des manifestants « Je suis très déçu car les gens ont été déviés de leur objectif par ce groupe d’extrémistes. Du coup, plus personne ne manifeste devant la préfecture ! Si je suis là aujourd’hui c’est parce que je trouve que ce débat n’a pas d’utilité. Je suis Français parce que je suis né en France et que je suis allé à l’école de la République et ça me suffit comme réponse. Ce débat a mal tourné, il a permis aux racistes de s’exprimer ! J’ai honte pour les générations qui nous demanderons pourquoi un tel débat  a eu lieu » s’insurge Julien, un lycéen de 17 ans.

« Il faut cultiver le vivre ensemble, pour nos enfants, pour l’avenir. Je suis écœurée par ce débat.  Il faut que les partis politiques fassent leur travail d’égalité de tous pour le bien du pays. Il ne faut pas baisser les bras et défendre nos valeurs de liberté, égalité et fraternité » indique Sabiha Ahmine, conseillère régionale.

Et puis d’ailleurs, si le quartier était complètement bouclé, alors qui est allé débattre ? Je croyais que c’était public, d’après monsieur Besson. Il semblerait que non.

Auteur : Rafika Bendermel

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